Après le pape, vive le pape !
Et si le pape François avait déjà un successeur… Au dernier synode, on a parlé que de la succession de l’actuel pontife. Un nom se détache. Mais peut-être est-il trop italien ?
« Rien de nouveau », gémissaient le 29 octobre les vaticanistes unanimes, à la sortie du synode de Rome. Rien sur le célibat des prêtres. Rien sur le diaconat au féminin. Rien sur les LGBT. Ils avaient donc disserté sur tout, les 464 pères et mères synodaux, religieux et laïcs, convoqués au Vatican par François, sans prendre l’ombre d’une décision. C’était oublier, murmure le Vatican, que le vrai débat, souterrain, collectif, permanent qui avait animé leurs vingt-cinq jours de « Clausura » (« Huis-clos »), portait sur un tout autre sujet : le prochain Pontife. Mais oui. L’occasion était propice pour tester quelques noms.
Surtout celui d’un homme discret, habillé de noir qui, le soir du 29, fut l’un des derniers à traverser, tranquille, la place Saint-Pierre pour rentrer dans ses foyers. Un Italien, 68 ans, élégant, mince et souriant, ancien curé pendant 19 ans de l’église Santa Maria au Trastevere (Rome), Matteo Zuppi,. Devenu ensuite archevêque de Bologne, cardinal, et patron de la Conférence épiscopale italienne, chargé en plus par le Pape d’une mission de paix russo-ukrainienne.
Il est volontiers vu par les spécialistes comme « Le Successeur » idéal. Celui qui marie à merveille la capacité communicative de l’actuel Pontife avec de vrais projets innovateurs de réforme ecclésiale. Celui qui sera capable de prendre à bras le corps la crise du catholicisme, de gouverner la Curie, mais sans passer par-dessus sa tête. Celui qui a une expérience internationale enviable. Ne fut-il pas le négociateur heureux le 4 octobre 1992 de la Paix au Mozambique au nom de la Communauté de Sant’Egidio ? Un Mozambique où il revient encore aujourd’hui avec des allures de héros et le titre de citoyen d’honneur. Qui dit mieux ?
Surtout si on s’attarde sur ses prises de position récentes, son souci de « mettre en sécurité les plus faibles », y compris « les handicapés et les immigrés », de dialoguer avec les travailleurs. Monseigneur s’est même montré sur l’estrade de la manif du premier Mai sur la Piazza Maggiore à Bologne.
Quelles chances a aujourd’hui le populaire Matteo Zuppi de monter sur le trône de Pierre, lorsqu’il sera devenu vacant, étant donné que l’actuel Pontife accuse le poids de ses 87 ans et de ses nombreuses pathologies ? Tout le monde en parle à Rome, avec la discrétion nécessaire.
Car il faut le reconnaitre, le dénouement n’est pas évident : calcul ou hasard, le Pontife actuel, qui est argentin, n’a rien fait pour faciliter l’élection d’un successeur européen. Sur les 137 électeurs actuels, 99, donc 72 %, portent son estampille, qui est décidément extraeuropéenne et rend déterminant le poids des Africains ou Asiatiques lors du prochain conclave. Il sera plus facile dans ces conditions d’avoir deux tiers de votants favorables à un pape sénégalais, mauritanien ou coréen, plutôt qu’à un illustre pourpré natif de Rome, Lyon ou Barcelone.
Matteo Zuppi en est surement conscient. Déjà, il aurait au programme quelques voyages en Afrique et en Extrême Orient.La campagne a commencé.