Droite : après le perchoir, Matignon en ligne de mire
Le hold-up de la droite, suite… L’élection de Yaël Braun-Pivet préfigure une stratégie identique pour conquérir Matignon.
Après une dissolution folle où il a privilégié son intérêt personnel sur celui de son pays, Emmanuel Macron paraît décidé à vouloir réussir ce à quoi il a échoué pendant deux ans : faire tomber Les Républicains dans l’escarcelle de la Macronie. Récalcitrants jusqu’à présent, ils ont décidé de la rallier lors de l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée Nationale. En ligne de mire, désormais, le poste de Premier ministre que convoitent déjà Xavier Bertrand et Olivier Marleix.
Ils s’étaient donné le mot, comme nous l’expliquions la semaine dernière dans LeJournal.info. Dès le 10 juillet, Yaël Braun-Pivet le matin, Xavier Bertrand et Olivier Marleix l’après-midi, Édouard Philippe le soir, avaientt appelé à la constitution d’un accord de projets qui allierait les partis du bloc central, constitué de Renaissance, du Modem et d’Horizons, avec Les Républicains, afin de cumuler ensemble quelques 220 députés, ce qui les propulserait devant la coalition du Nouveau Front populaire arrivée en tête avec 182 députés à l’issue des élections législatives. Ce stratagème permettrait, disait alors Edouard Philippe, non pas de constituer une coalition – on ne va pas y arriver, a-t-il avoué – mais un accord projet par projet, pour gouverner ensemble pendant au moins un an sur les sujets clés.
À en croire Yaël Braun-Pivet, soutenue par Xavier Bertrand, il suffirait d’écouter les Français pour savoir qu’ils veulent une amélioration de leur pouvoir d’achat, davantage de sécurité et une réhabilitation des services publics, à commencer par la santé mais aussi les transports ou le logement. Des thèmes qui pourraient aussi agréger des députés d’autres étiquettes politiques.
Pression
On avait pourtant cru que les élus Républicains souhaitaient rester indépendants après les déclarations de Laurent Wauquiez et de Bruno Retailleau, chef de file du LR au Sénat. Mais la pression est forte. Un sage comme Jean-Pierre Raffarin martèle que dans les circonstances exceptionnelles actuelles, il est indispensable de discuter et de se situer dans le camp des rassembleurs plutôt que dans celui des diviseurs.
Ainsi, Gérard Larcher, qui avait refusé d’être Premier ministre avant la dissolution, a accepté de se rendre à l’invitation du Président de la République à l’Élysée avant qu’il ne s’envole pour le sommet de l’OTAN. Son sens de l’État conduira-t-il le Président du Sénat à négocier aujourd’hui ce qu’il a bloqué hier, à savoir une forme de ralliement des 63 députés Les Républicains à la Macronie, qu’officialiserait la nomination de l’un d’entre eux à Matignon ? Des voix s’élèvent dans son camp pour l’y inciter.
L’hypothèse d’un Premier Ministre venu de la droite LR serait un pied de nez sans précédent dans l’histoire de la Ve République, où doit accéder à Matignon le chef de file du parti le plus représenté à l’Assemblée Nationale. Ce serait un hold-up organisé sans avoir consulté les électeurs aux législatives, et qui trahirait en cela le verdict des urnes.
Yaël Braun-Pivet a concédé que des socialistes et des écologistes pourraient y être associés. Gageons qu’ils ne seraient guère nombreux à vouloir jouer à ce jeu-là. Même si certains des thèmes choisis comme le pouvoir d’achat et les services publics pourraient recueillir leur assentiment.