Arménie : le dictateur et le peuple martyr
L’Azerbaïdjan envahit le Haut-Karabakh. Une nouvelle fois, les Arméniens sont agressés par un régime de fer.
La méthode Poutine fait des émules… Contre toutes les lois, contre toutes les considérations humaines, l’armée d’Azerbaïdjan a envahi « en profondeur » le territoire du Haut-Karabakh, l’enclave où vivent – où survivent – quelque 120 000 Arméniens. Force nue, mépris des règles internationales, agression brutale… Officiellement, il s’agit d’une « opération antiterroriste ».
En fait, beaucoup soupçonnent le dictateur azéri Aliyev de vouloir en finir avec cette population rétive et de lancer contre elle une vaste entreprise de « nettoyage ethnique ». Le régime azéri avait déjà bloqué la seule route qui reliait la province à la République d’Arménie, le corridor de Latchine. Il est passé à l’étape supérieure en lançant ses troupes à l’assaut de la petite enclave.
Les Arméniens sont un peuple de rescapés. Jadis un grand royaume chrétien, le premier du monde avant même l’empire romain, l’Arménie martyrisée par l’Histoire s’étendait aux marches de la Russie et sur le territoire de l’empire Ottoman. Pendant la Première guerre mondiale, en 1915, en vertu d’une hostilité séculaire et d’un soupçon paranoïaque, les dirigeants ottomans ont perpétré contre les Arméniens le premier génocide du 20ème siècle, qui a fait un million et demi de morts, génocide toujours nié par le gouvernement turc.
Chassé de Turquie, le petit peuple sacrifié a réussi à se maintenir au sein d’une République du Caucase, voisine de l’Azerbaïdjan, bientôt absorbée dans l’empire soviétique. Divisant pour régner, Staline a dessiné la frontière de telle manière qu’une partie des Arméniens se sont retrouvés enclavés dans le Haut-Karabakh, lui-même englobé dans le territoire azéri et doté d’une relative autonomie. Depuis la chute de l’Union soviétique, les dirigeants de Bakou, après avoir proclamé leur indépendance, ne songent qu’à retrouver le contrôle de cette région arménienne. Une guerre gagnée, une guerre perdue…
Pendant longtemps, c’est la Russie voisine qui arbitrait le conflit dans cette partie du Caucase et garantissait tant bien que mal la sécurité (relative) des Arméniens. La guerre d’Ukraine captant son attention, les Azéris en ont profité pour faire jouer le rapport de forces. D’où la nouvelle guerre qui s’est déclenchée hier.
Pays occidental (on considère qu’elle se situe à l’extrême est du continent européen), l’Arménie s’est tournée vers la communauté internationale et l’Union européenne pour tenter d’équilibrer ses alliances, ce qui ne saurait plaire au Kremlin. Abritant depuis des lustres une forte communauté arménienne, la France a tissé des liens affectifs avec ce peuple ami.
Dès lors son devoir est tracé : soutenir par tous les moyens possibles la lutte des Arméniens pour leur indépendance ; tout faire pour que l’agression s’arrête et qu’une négociation s’engage sur le statut du Haut-Karabakh. C’est l’impératif dicté par le droit, par l’Histoire et par l’amitié. « Si je t’oublie, Erevan… ».
Dernière heure
La capitulation du Haut-Karabakh après le coup de force de l’Azerbaïdjan: un tournant historique
Les autorités de l’enclave séparatiste ont signé, mercredi dernier, un accord de cessez-le-feu dans lequel elles acceptent de déposer les armes après l’offensive éclair, la veille, de Bakou. Les Arméniens dénoncent, eux, un « nettoyage ethnique ».