LIOT, cauchemar de la macronie

par Yoann Taieb |  publié le 04/06/2023

Ce 8 juin, nouvelle tentative du groupe LIOT à l’Assemblée pour abroger la réforme des retraites. Coup à blanc ou feu d’artifice ?

Bertrand Pancher et Charles de Courson, du groupe MIOT- Photo JOEL SAGET / AFP

Quand Emmanuel Macron leur a tendu la main pour une alliance à l’automne 2022, on imaginait un partenariat permettant de combler la majorité relative. Après un an, les vingt et un député du groupe LIOT – plus impitoyables et manœuvriers que les opposants de la LFI ou du RN – font trembler l’Assemblée.

Constituer un groupe politique à l’Assemblée permet de rassembler des députés de même sensibilité. Chez LIOT (Liberté, indépendance, outre-mer et territoires), deux valeurs rassemblent : l’indépendance et la liberté. Chacun est libre de voter comme il l’entend, même contre la position de la majorité du groupe. Comme lors du vote pour la réintégration des soignants non-vaccinés où 7 députés seulement sur 21 ont voté pour. A contrario, l’unanimité s’est faite pour s’opposer à la réforme des retraites.

Le groupe est central, pas centriste, composé d’élus aux origines politiques diverses : Charles de Courson, venu de la droite, Bertrand Pancher, ancien de l’UMP et de l’UDI, Olivier Serva, député des Outre-mer et déçu de LREM, ainsi que des ultramarins, indépendantistes, Occitans et socialistes en rupture avec le PS, telle Martine Froger, élue contre la NUPES.

Le 16 mars dernier, la bataille de LIOT contre la réforme des retraites, menée par Charles de Courson et Bertrand Pancher, a failli faire tomber le gouvernement… à 9 voix près. Pas question d’abandonner pour le groupe qui veut profiter de la séance du 8 juin pour soumettre une proposition de loi qui prévoit d’abroger les 64 ans.
Si une ruse juridique, l’utilisation de l’article 40, a permis à la majorité de vider le texte de son contenu, Charles de Courson n’en démord pas et évoque la menace de la motion de censure, ajoutant que « le gouvernement finira par tomber, c’est certain ».

Ce nouveau statut politique pousse les chefs du groupe à voir plus loin avec la création d’un parti politique répondant au nom de « UTILES » ((Ultra-marins, Territoires, Indépendants, Liberté Écologie et Solidarité). Le groupe travaillerait aussi à une liste aux élections européennes pour juin 2024 en accord avec les dissidents PS. Un des membres, Olivier Serva a même évoqué une candidature du groupe à la prochaine élection présidentielle.

Ainsi, le groupe des 21, innovant et « constructif » sur lequel pensait s’appuyer la majorité, s’est mué en opposant, une menace pour une majorité soumise à ce groupe qui, sur son nom, peut faire l’addition des oppositions. L’épisode du 8 juin provoquera une défaite politique majeure pour le président. Que LIOT réussisse et, fort de ce nouveau statut de « héraut de la démocratie », le David du parlement aura les armes nécessaires pour envisager le début d’une véritable aventure politique.

Yoann Taieb