Au secours, le revoilà !

par Emmanuel Tugny |  publié le 16/01/2024

Après la large victoire de Donald Trump au Caucus républicain de l’Iowa, rien ne semble plus pouvoir l’arrêter dans sa course à la présidentielle. Rien… sinon les 91 chefs d’inculpations de la justice contre lui. Dernier et fragile espoir ?

Donald Trump, après avoir remporté les caucus de l'Iowa, confirmant ainsi son statut de candidat républicain probable pour affronter le président Joe Biden lors de l'élection de novembre- Photo par Jim WATSON / AFP

Donald Trump avait tout à craindre du caucus de l’Iowa. Il pouvait en effet attester la montée en puissance de sa rivale Nikki Haley, ex-ambassadrice à l’ONU, chez les Républicains modérés, diplômés et chez les milieux d’affaires qui apprécient le sang-froid de la diplomate. Ou manifester la séduction d’un Ron DeSantis dont la droitisation attire les militants les plus radicaux du Grand Old Party, notamment en ce qui regarde IVG et l’immigration. Ou encore démontrer que le retrait de Chris Christie le 10 janvier dernier renforçait bien les positions des trois derniers rivaux de Trump.

Ou encore révéler que l’amoncellement des procédures judiciaires lancées contre l’ex-président était de nature, sinon à outrer l’électeur, du moins à le faire douter de la pérennité de sa campagne. Ou pourquoi pas signaler que sa tiédeur nouvelle, « toute présidentielle », sur un certain nombre de sujets, n’était pas du goût des ultras du GOP (Grand Old Party).

Tout dans ce scrutin pouvait en somme remettre en cause la « chefferie du chef ». Il fallait donc absolument à Trump un plébiscite en Iowa. Il l’a obtenu. À tel point que Vivek Ramaswamy, qui, pour ne pas être un rival sérieux, recueillait tout de même quelque 7,7 % des voix, notamment climatosceptiques, a jeté l’éponge dès l’annonce des résultats. 

Trump recueille 51 % des votes exprimés (soit 20 délégués) par les « réunions de quartier » tenues par des militants que le froid polaire – moins 30° et des tonnes de neige – n’a pas empêché de venir en masse lancer de façon éclatante la campagne de leur champion qui redoutait une « abstention hivernale ».

Ron DeSantis et Nikki Haley (que les derniers sondages annonçaient à 7 points de Trump) recueillent respectivement 21,2 et 19,1 % auprès d’une population du Midwest blanche et dévote que tous les candidats en lice peuvent à bon droit prétendre représenter.

L’écart d’environ 30 points annoncé au plan national est confirmé et Trump est en position de force pour aborder la primaire du New Hampshire du 23 janvier, le « Super Tuesday » du 5 mars et la convention de Milwaukee de juillet.

Triomphal et magnanime, il a d’ailleurs tenu, trente minutes après l’annonce des résultats, un discours rassembleur, évoquant une manière « d’union nationale » pour le redressement du pays, semblant enjamber la question, désormais accessoire, de sa désignation comme adversaire d’un Joe Biden dont la contestation par son aile gauche, menée par Alexandria Ocasio-Cortez, wokiste et écologiste, hostile à la politique internationale de l’administration américaine au Proche-Orient, fait mauvais genre, après le premier caucus républicain…

Le vieux président a d’ailleurs fort habilement parié sur la désignation de Trump en juillet, chiffon rouge des Démocrates susceptible de les fédérer, dans un appel aux dons posté sur X (ex-Tweeter).

Désormais, en effet, rien ne semble plus pouvoir arrêter le chasse-neige Trump, si ce n’est ces poursuites judiciaires, trop nombreuses pour ne pas être en partie fondées, dont le peuple démocrate et une partie du monde démocratique espèrent qu’elles interrompront une marche à haut risque général…

Emmanuel Tugny

Journaliste étranger et diplomatie