Aurélien Rousseau, le promeneur solitaire

par Valérie Lecasble |  publié le 21/06/2024

Il a été communiste, socialiste puis ministre de Macron avant de rompre pour retrouver la gauche

L'ex-ministre français de la Santé, Aurélien Rousseau, au Sénat français, à Paris, le 29 novembre 2023- Photo Ludovic MARIN / AFP

Son parcours est plutôt à gauche et dans le social, mais il a pas mal bourlingué. Jeune prof d’histoire et de géographie à Bondy dans le 93, il adhère au Parti communiste comme sa mère, prof de philosophie. Et quand Bertrand Delanoë auprès de qui il s’est engagé, remporte en 2001 les élections municipales, il choisit de travailler pour un adjoint communiste au maire.

Après un concours de l’ENA réussi et quelques missions dans la Culture pour Frédéric Mitterrand, Aurélien Rousseau devenu Conseiller d’État, revient à la Ville de Paris comme directeur adjoint de Bertrand Delanoë et y apprend les arcanes du pouvoir, dont il goûte les attributs. Brillant, jovial et séduisant, il a le profil d’un politique, tant, avec son accent gardois, il a l’art de convaincre son auditoire. Il a aussi de l’ambition et excelle à naviguer dans le jeu des nominations. Pépinière des cabinets ministériels, la Ville de Paris lui permet de rejoindre Matignon comme directeur adjoint du cabinet de Manuel Valls puis de Bernard Cazeneuve, en charge des affaires sociales.

L’épisode Covid 19

On est en avril 2017, Emmanuel Macron s’apprête à gagner l’élection présidentielle. Le voilà nommé PDG de la Monnaie de Paris. Un poste prestigieux pour ce haut fonctionnaire. Mais c’est comme Directeur général de l’Agence régionale de la santé (ARS) d’Île-de-France, qu’il va se révéler, pendant trois ans à partir de fin 2018. Le plus long épisode de sa carrière parsemée de contrats d’une à deux années seulement. À la tête de la principale ARS de France – qui en compte 17 -, il va démontrer son efficacité lors du mouvement de grève des urgences en 2019 et surtout lors de la gestion de l’épidémie de Covid 19. Tout au long de cette crise sanitaire inédite, il assure la planification des décisions stratégiques et participe activement sur le terrain à la meilleure organisation possible des soins délivrés aux malades.

Éreinté, il démissionne à l’été 2021, réintègre le Conseil d’État et écrit un livre remarqué « La Blessure et le rebond » où il pointe la fragilité de la démocratie et dénonce le danger du populisme. En mai 2022, c’est à lui que l’on confie le saint des saints, la direction du cabinet d’Élisabeth Borne, qui officialise son basculement dans la Macronie. « J’étais Directeur de cabinet », s’excuse-t-il quand on lui demande comment il a pu accepter d’être un acteur clé de la réforme tellement contestée des retraites. Épuisé par la tension provoquée par les manifestations et les relations tendues avec la Première ministre, il démissionne de nouveau le 17 juillet 2023… avant qu’Emmanuel Macron, qui tient à lui, ne le récupère trois jours plus tard comme ministre de la Santé.

Il tiendra cinq mois avant de rendre son tablier, à la faveur du vote de la loi sur l’immigration, qu’il désapprouve. Il vient donc de rempiler : cette fois, il part en campagne dans la 7ème circonscription des Yvelines, celle de Michel Rocard, où Raphaël Glucksmann lui a offert l’investiture Place-Publique-Parti Socialiste estampillée Nouveau Front Populaire. Un siège de député vaut bien un nouveau pas de côté.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique