Avoirs russes : faiblesse ou complicité ?

par Bernard Attali |  publié le 19/04/2024

La Banque centrale de Russie a déposé 200 Md dans les établissements financiers européens. Qu’en faire ? Les confisquer!

MOSCOW, RUSSIA - -Photo Boris Alekseev / ANADOLU AGENCY

Les avoirs russes sont « gelés » et le Conseil Européen est donc convenu de taxer les intérêts générés par ces capitaux, pour un gain d’1 Md au maximum.Question : pourquoi ne pas confisquer purement et simplement ces avoirs pour financer la réparation des dommages causés par la Russie en Ukraine ? Une telle mesure serait conforme au droit international et notamment aux statuts de la Cour de Justice Internationale. L’agression russe a été massivement condamnée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, par le Conseil de l’Europe et la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Pourquoi l’Union européenne tarde-t-elle pour prendre une telle mesure, à la fois nécessaire, légale et je dirais, morale ? Certains courageux craignent, dit-on, d’effrayer d’autres pays dispensateurs de capitaux. Et alors ? Si cela pouvait empêcher tel ou tel pays d’agresser impunément son voisin ne serait-ce pas un encouragement à la sagesse ? Les autorités russes, elles, n’ont pas hésité à spolier les entreprises étrangères sur leur territoire au profit de quelques oligarques…

Devant l’inertie générale, les quelques tenants d’une ligne ferme en sont réduits à faire circuler une pétition sur le sujet (cf. Le Monde du 17 avril). Faut-il que l’Europe soit faible pour en arriver là : une pétition !  Le tsar de toute la Russie en tremble. Voilà, une fois encore, une illustration de la faiblesse des démocraties face à la force brute. L’inaction frôle parfois la complicité.

Bernard Attali

Editorialiste