Bardella-Baudruche ?

publié le 26/04/2024

Chaque week-end, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond ? L’essentiel.

Laurent Joffrin- Photo JOEL SAGET / AFP

Lundi : Eichmann avec moi !

C’est à croire qu’ils le font exprès… Mélenchon sait que s’il parle avec nuance et raison, il rentre dans le rang des hommes politiques. Insupportable pour cet obsédé des médias. Alors il provoque à dessein, cette fois en comparant un préfet maladroit à Adolf Eichmann, l’organisateur de la Shoah. Aussitôt, en dépit du grotesque de la comparaison, des médias complices à force de niaiserie, ouvrent un débat sur la question, qui occupe les tréteaux tout un week-end. Et voici que la macronie jette à grande pelletées du charbon dans la machine en interdisant des réunions parfaitement légales ou en convoquant une responsable de LFI pour s’expliquer sur une autre outrance, qu’elle avait néanmoins le droit de prononcer. Résultat de ces palinodies : en rade dans la campagne, le parti mélenchonien se refait la cerise en jouant les martyres de la liberté d’expression face à Macron-Hitler, Darmanin-Goering, Thévenot-Goebbels et, sans doute, Brigitte Macron-Eva Braun. Entre misérable combine macronienne et barnum LFI, voilà où en est le débat public.

Mardi – Interdit aux Juifs

L’université américaine file décidément un mauvais coton. Voilà un mouvement propalestinien qui, au lieu de dénoncer les massacres et défendre légitimement les droits de ses commettants, appelle à la destruction d’Israël, conspue la présidente de Columbia parce qu’elle a condamné l’antisémitisme et se met en tête d’interdire l’entrée des cours aux étudiants juifs. Toujours cette politique de Gribouille : on pratique l’outrance qui discrédite sa propre cause ; on dénonce un président – Biden – trop proche d’Israël en favorisant par là un candidat – Trump – qui le sera beaucoup plus. Toujours les absurdités autodestructrices de la gauche radicale. 

Mercredi : le pas de clerc du RN

Il n’a pas fait long feu. Saidali Boina Kamissi, responsable mahorais brièvement placé sur la liste Rassemblement National pour les élections européennes, a été éjecté après des révélations de presse. Libération avait lu sa page Facebook et découvert, entre autres perles, des injures racistes, des appels au meurtre et des odes à la soumission féminine. Exit le trublion, c’est la moindre des choses. Mais ce Kamissi a tout de même été, pendant au moins un an, délégué départemental du RN à Mayotte.

Jeudi : la Révolution ignorée

Voilà une révolution qui sera peu fêtée. Normal : elle n’a pas fait de morts. En 1974, la dictature Salazar-Caetano était à bout de souffle, le pays était empêtré dans une guerre coloniale cruelle, sans signification et sans issue, la police politique continuait à emprisonner et à torturer, sans savoir vraiment pourquoi. Si bien qu’un groupe de jeunes officiers écœurés par le combat qu’on leur faisait mener a décidé d’en finir. Une chanson diffusée à la radio « Grandola Villa Morena », des chars légers dans les rues qui prennent position en s’arrêtant aux feux rouges, et, surtout, deux militaires qui, au péril de leur vie, refusent de tirer sur les rebelles : c’en était fini de la dictature, place au peuple éperdu qui envahit la ville des œillets à la main. Deux ans d’instabilité, entre menées d’extrême-droite et folies d’extrême-gauche, puis une stabilisation obtenue par le talent et l’obstination d’un homme, Mario Soares, socialiste, qui a choisi l’Europe et la liberté. La meilleure des révolutions, en somme, celle qui atteint ses objectifs, ouvre la voie du progrès et libère un peuple sans tirer un coup de fusil. Voilà pourquoi les commémorations seront courtes…

Vendredi : un peu jeune, Jordan ?

Bardella-Baudruche ? Trop tôt pour le dire. Jusque-là, le garçon avait fait preuve d’une maîtrise impressionnante, soulignée par le score flatteur que lui attribuent les sondages. Mais depuis le début de la campagne, alors que nous entrons « dans le dur », le doute s’insinue. Il sèche les débats importants, change de position comme de chemise, annonce une forte réponse au discours de Macron, mais se contente de vingt minutes sans grand relief et s’esbigne au bout de vingt minutes pour laisser la place à son directeur de campagne. On connaît le principe de Peter : tout responsable atteint un jour son niveau d’incompétence. Jordan, ou Peter Bardella ?