Biden l’inusable

par Laurent Joffrin |  publié le 25/04/2023

Faute de pouvoir attaquer son bilan, ses adversaires moquent son âge. Ils encourent une cruelle déception

Joe Biden-Photo by Mandel NGAN / AFP

Ce sera sans doute le Mathusalem de la politique mondiale. Joe Biden vient d’annoncer qu’il briguait un nouveau mandat à la tête des États-Unis. S’il est réélu, il aura 86 ans en fin de mandat.

Cet âge canonique conduit ses adversaires républicains à dénigrer sans fin cet adversaire qui les a battus largement dans le vote populaire en 2020. Et de détailler sans fin ses difficultés à escalader les passerelles des avions, à employer parfois le mot juste ou à tenir en toutes circonstances un langage clair. Ils s’apprêtent donc à faire le choix de la jeunesse lors des prochaines primaires : Donald Trump, 76 ans.

L’ennui pour ces tartuffes dédiés au populisme le plus niais et le plus agressif, c’est que Biden, tout vieillard qu’il soit, détient dans sa manche un atout décisif : son bilan. Le président américain gouverne un pays où le taux de chômage est au plus bas depuis cinquante ans, où l’inflation, sujet majeur d’inquiétude, commence à refluer, où le Congrès a voté pour un plan massif d’investissement dans les infrastructures américaines, à l’abandon depuis des lustres.

Qu’on songe à ce qu’aurait été la gestion de la crise en Ukraine par un Donald Trump erratique et brutal, compromis par ses louches relations avec Poutine.

Il a tout autant dégagé des moyens colossaux en faveur de la recherche technologique et de l’industrie, qui replace les États-Unis en tête dans la course à la suprématie industrielle, tout en organisant le verdissement progressif de son économie.

Tout sénile qu’il soit selon ses ennemis, Joe Biden a encore parfaitement maîtrisé la crise ukrainienne, apportant un soutien décisif à Volodimir Zelenski sans provoquer pour autant la déflagration que beaucoup redoutaient.

Qu’on songe à ce qu’aurait été la gestion de la même crise par un Donald Trump erratique et brutal, compromis de plus par ses louches relations avec la Russie de Poutine.

En dépit de son âge, Biden démontre qu’un dirigeant rationnel et progressiste est le mieux placé pour faire barrage au populisme identitaire qui continue à sévir dans le monde, particulièrement aux États-Unis.

Il l’a encore prouvé en passant brillamment l’obstacle des « midterms », traditionnellement désastreuses pour la majorité en place.

Quand le navire est habilement barré, l’âge du capitaine devient secondaire : la leçon politique ne vaut pas qu’aux États-Unis.

Laurent Joffrin