Bilan Nupes, bilan nul
En dehors des provocations incessantes à l’Assemblée, l’union de la gauche version Mélenchon n’a atteint aucun de ses objectifs
Au début du mois de mai 2022, la gauche s’alliait au sein de la Nupes en vue des législatives, dans le but proclamé de porter Jean-Luc Mélenchon à Matignon. Un an après, quel est le bilan de cette alliance ? Objectivement, il n’y a qu’une seule réponse possible : il est nul.
Jean-Luc Mélenchon n’avait en fait aucune chance de devenir Premier ministre ; la gauche a poursuivi un objectif qu’elle savait hors d’atteinte, d’autant que sa campagne s’appuyait sur un programme inapplicable. Les promoteurs de l’alliance proclament rituellement qu’ils ont limité les dégâts après une mauvaise présidentielle.
L’analyse du scrutin montre que la chose est très contestable : le vote a profité à la France insoumise, c’est certain, mais fort peu à ses partenaires, qui auraient de toute manière fait réélire leurs sortants les mieux implantés. Le total des voix obtenues par la gauche se situe à l’un de ses plus bas niveaux historiques et c’est le Rassemblement national qui a été le grand gagnant du scrutin.
L’alliance a ensuite créé un paysage politique où la gauche a été ramenée, dans les médias et dans l’opinion, à sa composante radicale. Un groupe parlementaire vociférant et provocateur, qui a dégradé l’image de l’Assemblée nationale dans l’esprit public ; des mots d’ordre aventuristes à chaque mouvement social, qui rattachent la gauche non plus à Jaurès, Blum ou Mitterrand, mais à Tartarin de Tarascon.
Une protestation où LFI a joué la mouche du coche, houspillant sans cesse une coalition syndicale dominée par la CFDT, c’est-à-dire par sa composante réformiste, qui s’est bien gardée de l’écouter et a réhabilité le mouvement syndical dans l’opinion, ce qui fait contraste avec le marasme où se débat la gauche politique.
Là aussi, cette séquence sans cesse émaillée des invectives venues de LFI n’a bénéficié qu’à une seule force : le Rassemblement national soudain promu champion d’une opposition responsable.
Au fond, la Nupes n’a qu’un seul atout : elle détient le talisman de l’union, chère aux électeurs de gauche, qui préfère toujours le rassemblement à la dispersion. Mais c’est une union conçue au profit des Insoumis qui ne font pas mystère de leur stratégie : domestiquer la gauche réformiste et asseoir définitivement leur hégémonie sur l’alliance.
Les communistes et les Verts l’ont bien compris, qui s’efforcent de regagner leur autonomie. Les socialistes refusent de le voir, ce qui les confine à un rôle marginal. Masochisme politique : ils préfèrent la certitude de la soumission au risque de la reconstruction.
Ce qui enferme la gauche dans la protestation stérile et la prive, si cette situation perdure, de toute perspective de victoire électorale.