Borne-Macron : clash sur l’immigration

par Valérie Lecasble |  publié le 26/04/2023

Aïe! L’un dit noir, l’autre dit blanc. L’un veut avancer résolument, l’autre veut prendre son temps pour éviter une nouvelle bataille. L’immigration divise le couple Borne-Macron. Jusqu’au divorce?

Emmanuel Macron et Elisabeth Borne- Photo STEPHANIE LECOCQ / POOL / AFP

Cette fois, c’est non ! Après les trois mois de cauchemar qu’elle vient de vivre avec la réforme des retraites, Elisabeth Borne ne remettra pas le couvert avec la loi sur l’immigration. En tout cas pas avant l’automne.

Voilà comment la Première ministre a répondu mercredi à l’injonction d’Emmanuel Macron, quarante-huit heures plus tôt dans le Parisien, de faire passer la loi sur l’immigration « en un seul texte » et avant l’été. Un seul texte cela interdit de le saucissonner contrairement à ce qui avait été prévu en concédant à la droite la sécurité via l’augmentation des obligations de quitter le territoire français (OQTF), tout en offrant à la gauche l’intégration via la régularisation de quelque 7 000 personnes dans les métiers sous tension (restauration, agents d’entretien).

Elisabeth Borne a fermé la porte en assurant : « aujourd’hui, il n’existe pas de majorité pour voter un tel texte ». En clair, déjà incapables de se mettre d’accord au Sénat et à l’Assemblée nationale, les Républicains n’accepteront jamais de voter la partie intégration du projet de loi sur l’immigration.

Alors que la France résonne encore d’un concert de casseroles contre la retraite à 64 ans, Elisabeth Borne refuse donc de guerroyer sur un autre front, l’immigration, « un texte qui pourrait diviser les Français ».

Que s’est-il passé entre le Président de la République et la Première ministre ? Comment peuvent-ils, à seulement deux jours d’intervalle, se contredire de la sorte ? Lui veut « avancer » et se montrer optimiste sur les réformes à mener pendant les quatre années restantes de son quinquennat. Elle se montre pragmatique et refuse d’aller une nouvelle fois au combat sur une cause qu’elle croit perdue d’avance après avoir déjà tant ferraillé sur le casse-tête de réforme des retraites.

Après avoir défendu le report de l’âge légal, notion chère à la droite, elle qui vient de la gauche semble vouloir retourner à ses fondamentaux en se concentrant avant tout sur le « pacte de la vie au travail ». Un pacte qu’elle a commencé à évoquer en recevant les syndicats à Matignon et qui contient son lot de sujets clés à négocier avec les partenaires sociaux. Comme le partage de la richesse, en clair l’augmentation des salaires.

Reste que la question se pose de savoir combien de temps peut tenir ce couple bringuebalant entre l’Elysée et Matignon, où l’un dit blanc, et l’autre dit noir. Nul doute que les prétendants à Matignon se sont déjà postés en embuscade. Vous avez dit Gérald Darmanin ?

Valérie Lecasble

Editorialiste politique