Le boulet du Brexit

par Denis McShane |  publié le 17/04/2023

Sept ans après avoir décidé de quitter l’Union européenne, le Royaume-Uni, ne parvient toujours pas à sortir de la crise. 

Dennis McShane- Photo AFP

Un mot nouveau a fait son apparition dans le vocabulaire politique britannique : le « Bregret », contraction des deux mots « Brexit » et Regret ». Il est vrai qu’il y a de quoi avoir quelques remords.

Le FMI vient d’annoncer que le Royaume-Uni sera la seule économie du G20 à connaître une croissance négative cette année. L’épuisement des formulaires et de la paperasserie liés au Brexit démoralise les petites entreprises. Les pubs ferment à un rythme record. La production automobile britannique est la plus faible depuis les années 1950. Le pays est entravé par des grèves interminables.

Le gouvernement demande à des millions d’enseignants et de médecins d’accepter une augmentation de salaire de 2 %, alors que l’inflation s’élève à plus de 10 % et que les profits tirés du coût des denrées alimentaires ont fait grimper les prix de 19 %. Les salaires du secteur public ont baissé de 15 à 20 % en termes de pouvoir d’achat depuis 2010, tandis que les députés se sont octroyé une augmentation de salaire de 32 % sur la même période.

La situation ressemble à celle de la France, sans la violence, mais avec un racisme beaucoup plus ouvert de la part des ministres. La ministre de l’intérieur, Suella Braverman, n’a pas hésité à parler de « Pakistanais britanniques qui droguent et violent des filles blanches ».  Or l’écrasante majorité des hommes emprisonnés pour des crimes sexuels n’ont aucune origine pakistanaise.

A l’inverse, les quelque 1,5 million de Britanniques d’origine pakistanaise sont parfaitement intégrés à la société britannique – médecins, chirurgiens, ministres, universitaires, enseignants, chefs d’entreprise, comptables, vedettes du sport, maire de Londres. En les accusant de violer des jeunes filles blanches, on use d’un langage qui nous ramène loin en arrière.

Si les travaillistes forment un gouvernement l’année prochaine, ce qui est probable, Suella Braverman, a toutes les chances de devenir la prochaine dirigeante du parti Tory. Nous attendons maintenant les élections municipales du 4 mai – 8 000 sièges municipaux sont en jeu – pour voir comment les électeurs réagissent à six mois de gouvernement de Rishi Sunak.

Comment va le pays ? Un signe ne trompe pas. L’année dernière, 19 000 fêtes de rue ont été organisées à l’occasion du jubilé de platine de la Reine. Jusqu’à présent, 247 fêtes de rue ont été organisées pour le nouveau roi et sa seconde épouse…

Denis McShane

Correspondant à Londres