Cacophonie sur l’Europe
Raphaël Glucksmann et François-Xavier Bellamy s’indignent de la venue en France de Xi Jinping, Valérie Hayer défend le bilan du président. Lourde tâche…
« Le temps de la naïveté et de l’impuissance est révolu. Comment peut-on justifier d’accueillir à Paris le leader chinois Xi JingPing et qu’on lui déroule le tapis rouge ? Il est le principal soutien de Poutine et l’agent de l’éradication de notre industrie. » Sur cette tirade lancée par le social-démocrate Raphaël Glucksmann, le Républicain François-Xavier Bellamy renchérit : « Il faut stopper la stratégie de destruction de l’économie européenne engagée par Xi JingPing par une surproduction chinoise organisée. Nous devons cesser les cadeaux des subventions européennes aux panneaux solaires et aux éoliennes chinois. Et engager un bras de fer avec la Chine pour les sortir du charbon. »
Face à la réception en France en grande pompe du Président chinois par Emmanuel Macron, à l’occasion des soixante ans de relations diplomatiques franco-chinoises, deux des sept têtes de listes aux élections européennes venues débattre sur RTL et La Chaîne Parlementaire à cinq semaines du scrutin du 9 juin, n’ont pas caché leur indignation. Contraignant Valérie Hayer, tête de liste Renaissance, à défendre au contraire la position d’Emmanuel Macron, en lançant : « on a aussi besoin de la Chine sur un certain nombre de sujets comme la lutte contre le changement climatique ».
Tel est bien l’un des enjeux au cœur de ce débat : prouver qu’entre les sociaux-démocrates à gauche, Les Républicains à droite, et le parti du Président de la République, il y a de vraies divergences. Contrairement à ce que veut faire croire Valérie Hayer qui cherche à les englober en affirmant qu’au Parlement européen, son parti vote à 90 % avec les sociaux-démocrates et à 80 % avec la droite. Ou aux accusations de l’insoumise Manon Aubry qui dénonce les politiques d’austérité et de libre-échange de « la nouvelle troïka », en mettant Renaissance, les Socialistes et les Républicains dans le même panier.
Située au bout du rang des extrêmes, où siègent la transparente Marie Toussaint (écologiste), le radical Jordan Bardella (Rassemblement national) et sa pâle copie Marion Maréchal (Reconquête), Manon Aubry tente, elle, de s’imposer comme l’opposante en chef à la cible principale choisie par tous les débatteurs, Jordan Bardella qui caracole à 32 % dans les sondages.
« Larbin des grands patrons », lui lance la candidate LFI, avant d’attaquer sur l’immigration le numéro trois de sa liste Fabrice Leggeri, l’ancien patron de Frontex qui a contribué selon elle à « transformer la mer Méditerranée en tombeau ». « Monsieur Bardella, vous avez sur votre liste des gens qui ont du sang sur les mains ».
Thierry Mariani, lui aussi candidat sur la liste RN, est choisi comme tête de turc par Raphaël Glucksmann et François-Xavier Bellamy comme « petit télégraphiste du Kremlin », dénonce le premier, et trop proche de l’Azerbaïdjan accuse le deuxième.
De quoi déstabiliser Jordan Bardella ? La tête de liste du RN conserve son calme et a beau jeu de se réjouir que le Rassemblement National soit reconnu pour sa fermeté sur les questions de sécurité et d’identité.
Au final, quelle sera l’influence de tout cela sur le résultat ? Alors que la moitié des électeurs ne sait pas encore pour qui voter, pas sûr que ce débat soit déterminant, tant les invectives, interpellations ont laissé au total, le sentiment d’une vaste cacophonie.