Calculez: rien + 100 euros = Rien

par Valérie Lecasble |  publié le 22/04/2023

Jamais contents, les professeurs de l’Éducation nationale ? Qui en a entendu un seul se déclarer heureux des augmentations de salaire qu’Emmanuel Macron vient de leur octroyer afin, dit-il, d’honorer sa promesse de campagne présidentielle?

PhotovMagali Cohen / Hans Lucas (Photo by Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Dès la rentrée de septembre pourtant, 310 000 professeurs en début de carrière vont récolter 100 € à 230 € par mois soit une augmentation de 8 à 11%, pour chacun. Ce qui vu leur nombre n’est pas rien. Plus un seul d’entre eux gagnera moins de 2000 € par mois, un socle qui peut paraître à priori raisonnable.


Mieux, pour ceux qui accepteront de remplacer des profs absents ou d’assurer des gardes en 6ème après les cours, ils gagneront au total jusqu’à 500 € net supplémentaires par mois. À cette cause, l’Etat va consacrer un bel effort, inédit depuis 33 ans, de 3 milliards d’euros (1,9 milliard pour le « socle » et 1,1 milliard pour le « pacte »).


Après la longue bataille des retraites qui a tant fracturé les Français, on pouvait espérer que cette pluie de bonnes nouvelles leur redonne un peu le sourire. Elle n’a déclenché qu’une soupe à la grimace. « Travailler plus pour s’épuiser plus » s’insurgent les syndicats. Le compte n’y est pas, renchérit la vox populi du corps enseignant soulignant que 15 à 25 % de pouvoir d’achat ont été perdus au cours des dernières années.


Qui a raison ? Qui a tort ?

Les deux mon général. Pour un prof satisfait de démarrer sa carrière à 2076 €, combien d’entre eux tirent la langue au bout de dix ans à 2250 € et se disent épuisés au bout de vingt ans à 2500 €…. Et encore, si l’État va augmenter le plus les salaires les plus bas c’est qu’ils étaient en retard, les plus éloignés de la moyenne européenne.


Surtout, l’impression générale demeure que même si ça sera mieux, ça ne sera toujours pas bien. Ce n’est pas avec 100 € de plus que l’on va redonner son sens à ce beau métier de professeur qui en a perdu depuis si longtemps. À quoi bon gagner un peu plus si l’on ne sent pas à sa place, si on se fait insulter pendant les cours, si c’est un prof de maths qui remplace un prof d’anglais absent.

Bref, si les enseignants ne retrouvent pas l’autorité et les élèves l’envie d’apprendre.
Pourtant, l’Éducation de nos enfants devrait être la priorité nationale.

Allez! Encore un effort Monsieur le Président !

Valérie Lecasble

Editorialiste politique