Carburants : les poches vides d’Emmanuel Macron

par Gilles Bridier |  publié le 24/09/2023

Outre la pression exercée sur les raffineurs pour qu’ils vendent leurs produits à prix coûtant, le chef de l’État relance le chèque carburant

Le Président Emmanuel Macron lors de son interview télévisée le 24 septembre- PhotoIan LANGSDON / AFP

Circulez, rien de nouveau aux pompes pour l’instant. Face à l’augmentation du prix des carburants, Emmanuel Macron, interviewé dimanche soir sur deux chaines de télévision, a repris la formule du chèque carburant, d’un montant de l’ordre de 100 euros par mois, pour aider environ la moitié des ménages français parmi les plus modestes qui ont besoin de leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail.

La formule a déjà été mise en œuvre début 2023. Mais le mode opératoire était particulièrement complexe, pour finalement ne gagner qu’à peine plus d’un plein par mois. Aussi, deux mois après le lancement de cette prime, la moitié des 10 millions de foyers éligibles ne l’avait pas réclamée. Reste à voir si la prime nouvelle formule sera plus fluide…

Mais pas question, pour le chef de l’État, de baisser les taxes sur les carburants, qui atteignent 49 % du prix total pour le gazole et 52 % pour le SP 95, et ont rapporté en 2022 quelque 41 milliards d’euros à l’État. Pour justifier cette rigueur, Emmanuel Macron met en avant le coût de la transition énergétique, à laquelle une grande partie des recettes fiscales sur les carburants serait consacrée. L’écologie a bon dos, et l’argument permet en l’occurrence de justifier la sortie d’un « quoi qu’il en coûte » qui aurait pénalisé cette transition.

Haro sur le raffinage

Afin de ne pas se présenter les poches vides face aux Français, le chef de l’État a affirmé qu’un mécanisme de transparence des coûts des raffineurs sera mis en œuvre, afin de s’assurer qu’ils vendront leurs produits aux distributeurs à prix coûtant comme le gouvernement leur demandera. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a déjà averti qu’il prendrait les mesures nécessaires pour empêcher les « profits excessifs » du raffinage, sans plus de précision toutefois.

Ceci ne suffira pas à stabiliser les prix des carburants compte tenu de la hausse du prix du baril (92 euros aujourd’hui contre 72 euros en juin). Et aucune mesure contraignante n’a été évoquée hier pour obliger les raffineurs à travailler sans marge.

Or on a vu que, lorsque le gouvernement a demandé aux distributeurs de travailler exceptionnellement à perte pour réduire les prix aux pompes, en faisant simplement appel à leur bonne volonté, ceux-ci ont renvoyé les ministres à leurs études. Pas sûr que les raffineurs se montrent plus empressés à répondre à l’attente du président.

Gilles Bridier