Carlos Tavarès : un « pognon de dingue »
Choquante la rémunération du directeur général de Stellantis ? Il y a pire : les « parachutes dorés »… immérités
Mardi 16 avril, les actionnaires de Stellantis, sixième groupe automobile mondial au nombre de voitures produites, ont validé à plus de 70 % l’énorme rémunération, 36,5 millions d’euros, de leur directeur général Carlos Tavarès. Une somme 56 % plus importante que celle de l’année précédente… un patron en or ! Son montant est composé de 2 millions d’euros de salaires, un bonus de performance de 11,4 millions, des bonus en action pour 13 millions et une prime exceptionnelle de 10 millions liée à la transformation du groupe. Le bénéfice atteint 18,6 milliards d’euros, un record, pour un chiffre d’affaires de 189,5 milliards.
Des résultats exceptionnels qui expliquent cette rémunération énorme conforme au contrat entre le dirigeant et le groupe. Syndicats et partis de gauche hurlent, jugeant la somme insultante pour les salariés. Carlos Tavarès assume. Il rétorque : « Et si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai. » On peut considérer la somme dévolue au directeur général de Stellantis indécente, quoique légale. Le travail de quel homme peut-il valoir des milliers de fois celui d’un autre ?
Sauf que Carlos Tavarès n’est pas un patron français, mais un manager international à la tête d’un groupe dont le siège social est aux Pays-Bas. Ses pairs sont à la tête de Toyota, Ford, General Motors, Volkswagen, etc., et aussi bien payés. À plusieurs reprises d’ailleurs, l’une ou l’autre de ces firmes à tenter de le débaucher pour qu’il en prenne la tête. Son parcours est, il est vrai, impressionnant. Portugais, âgé de 66 ans, ingénieur de centrale, il rentre à 23 ans chez Renault dont il devient derrière Carlos Gohn le n°2, 30 ans plus tard.
En 2014, il est nommé directeur opérationnel de PSA au bord de la faillite. Un an après, il a redressé la situation. En 2017, il rachète à General Motors, Opel, déficitaire, et bénéficiaire un an plus tard. Et en 2021, il préside aux destinées de Stellantis, résultat de la fusion avec Fiat-Chrysler. Un éventail de 20 marques installées sur deux continents l’Europe et l’Amérique. Sa rémunération pourrait être celle d’une star du football ou du show-business, sauf qu’eux n’ont pas la responsabilité de 250 000 salariés. Une mauvaise décision de Carlos Tavarès peut bouleverser leur vie.
En fait, il y a pire que cette rémunération au mérite insensée, ce sont les « parachutes dorés » indus. En avril 2019, Tom Enders, le patron allemand d’Airbus doit quitter son poste avec une indemnité de 36,8 millions d’euros. L’avionneur a dû mettre fin au programme du super-jumbo A 380, et 3 % des effectifs sont touchés par cette décision, soit entre 3000 et 3500 salariés. Une enquête pour corruption est menée dans plusieurs pays qui pourrait valoir à Airbus des milliards d’amende.
À la même époque, Thierry Pilenko, président de TechnipFMC obtient une prime de 14 millions d’euros à son départ, alors que son groupe pétrolier a perdu 2 milliards de dollars l’année précédente. Michel Combes, chez Alcatel Lucent, touche en 2015, 13, 7 millions, après avoir supprimé 10 000 emplois et vendu l’entreprise de téléphonie à Nokia. Même le patronat est gêné. Entre primes au mérite folles et indemnités injustifiées, les actionnaires ne donnent pas une très bonne image du capitalisme.