Carney, le nouvel opposant à Trump
C’est un économiste et banquier libéral qui succède à Justin Trudeau au poste de Premier ministre du Canada. Rien ne le préparait à devenir un adversaire déterminé du président des États-Unis…

Il a été gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, habitué des cercles financiers et reconnu comme un des meilleurs banquiers centraux de sa génération. Devenu chef du gouvernement canadien, tandis que Justin Trudeau quitte le pouvoir par la petite porte, Mark Carney doit aussitôt faire face à l’expansionniste de son belliqueux voisin américain.
Âgé de 60 ans, il est venu en politique sur le tard. Après avoir grandi dans les Territoires du Nord-Ouest, plus proches du cercle polaire que de la frontière américaine, il est diplômé d’Harvard et d’Oxford avant de se lancer dans la finance. Catholique pratiquant et francophone imparfait, il a mené sa barque dans toutes les institutions qui structurent l’économie mondiale : Goldman Sachs et deux banques centrales parmi les plus puissantes du monde. C’est un habitué des réunions du G7, du G20 et du forum de Davos. Son arrivée au pouvoir au Canada tient presque du concours de circonstances : conseiller économique de Justin Trudeau pendant le Covid-19, il s’est présenté lorsque la coalition de ce dernier a explosé en fin d’année dernière. Il est plébiscité par les membres du Parti libéral, qui voit en lui l’homme qui pourrait les sauver du désastre pressenti des élections législatives de l’automne prochain. Jamais élu au suffrage universel, Mark Carney passera son épreuve du feu en octobre.
Mark Carney n’a pas encore été qualifié de « gouverneur » par le Président Trump, comme l’avait été son prédécesseur, comme si le Canada était déjà un état américain. Mais il représente tout ce que le républicain déteste : un habitué des cercles cosmopolites, du multilatéralisme, volontariste sur les questions climatiques dont il est spécialiste dans le domaine financier.
Mis au défi dès le premier jour, le nouveau Premier ministre a tout de suite contre-attaqué. Lors de son discours d’intronisation, il a désigné l’adversaire sans fioritures : « Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays. » Il n’est plus l’atlantiste que le monde s’attendait à voir diriger le plus fidèle allié des États-Unis : sa première visite à l’extérieur a été pour l’Europe, d’abord en France, puis au Royaume-Uni. On lui prête même l’intention de préférer les Rafales français aux F35, tandis qu’il s’apprête à porter les dépenses de défense canadiennes de 1,17% à 2% du PIB avant 2030. Ultime geste de résistance à Trump : depuis l’Élysée, Carney a annoncé qu’il souhaitait « renforcer les liens avec des alliés fiables, comme la France ». Sous-entendu, certains alliés ne le sont plus : suivez son regard…