Carole Delga, femme combattante
La présidente de l’Occitanie, à la tête de l’Association des régions de France, réunit ses soutiens ce week-end à Bram dans l’Aude. Elle veut rallier les opposants à Macron qui ne se retrouvent pas dans la Nupes
« L’oiseau qui vole n’a pas de maître ». Ce proverbe occitan ne va pas si mal à Carole Delga, la présidente de région la mieux élue, en 2021 avec 58,5 % des suffrages. À la tête de l’Occitanie, elle s’est aussitôt hissée à la présidence de l’Association des régions de France. Il n’y a pas de doute, cette socialiste du Sud prend de la hauteur et se trace une route bien à elle…
Elle se juge « intransigeante, difficile et combative », avoue qu’elle a « toujours la niaque ». Un sacré caractère donc, qui n’est certainement pas prêt à se rallier à des conceptions politiques étrangères aux siennes. Son socialisme est celui de Jaurès, républicain, rassembleur. En 2022, elle consacre une biographie au leader socialiste intitulée « Jaurès, les convictions et le courage. »
À la lecture, on discerne une vision politique faite d’émancipation et d’amour des libertés, de justice sociale et de considération pour le peuple.
C’est d’ailleurs de cette France populaire dont elle est issue. Sa grand-mère et sa mère, secrétaire, puis femme de ménage l’élèvent, seules. Elles sont persuadées que l’école assurera son avenir. Elles ont raison. Son mastère en droit des collectivités locales en poche, la voilà fonctionnaire territoriale. Un métier qui la rapproche inexorablement de la politique.
En 2007, Martin Malvy, le président socialiste de Midi-Pyrénées, la remarque. L’année suivante, le parti socialiste la fait élire à la mairie de sa bourgade natale Martres-Tolosane (2 500 habitants). En 2012, la voilà députée. En 2014, elle est nommée au secrétariat au Commerce, à l’Artisanat et à l’Économie sociale et solidaire.
À Bercy, Carole Delga ne se sent déjà guère d’affinités avec le ministre Emmanuel Macron. Aujourd’hui à la tête d’une région qui compte treize départements et six millions d’habitants, elle a acquis une stature nouvelle.
« C’est une femme sympathique, mais pas très souple. Si vous vous êtes opposé à elle, elle n’oubliera pas » dit une militante, membre active de la fédération toulousaine du PS.
D’abord, elle règle ses comptes avec les mélenchonistes qui ne l’ont pas soutenue aux élections. Peu à peu, elle les exclut des instances régionales. Son poste lui permet désormais d’affirmer ses idées de la gauche réformiste. Par exemple, la gratuité des transports pour les 12-26 ans.
Mais, elle n’en a pas fini avec LFI. Par fidélité, elle soutient Anne Hidalgo à la présidentielle de 2022. De son côté, elle s’affronte avec Olivier Faure au PS et dénonce l’accord avec la Nupes…« Les relations sont tendues entre la fédération de Haute-Garonne, pro-Nupes, et Delga qui est une opposante farouche, mais elle est incontournable », dit une militante socialiste.
Au congrès du PS de 2023, elle soutient aussi le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Sa stratégie est immuable : « La gauche de l’invective et la violence verbale » la révulse et elle s’adresse aux électeurs de gauche déçus par Macron et horrifiés par Mélenchon. Ce « ni-ni » lui parait porteur d’espoir. Un signe lui donne raison lorsqu’une candidate qu’elle soutient, Martine Froger, dissidente du PS remporte, en avril dernier, une législative partielle face à une insoumise.
Du régional au national, une chose est sûre, sa notoriété progresse: « Elle me fait penser à Ségolène Royal. Autour d’elle, il y a beaucoup de fans. Peut-être qu’elle deviendra une coqueluche nationale comme Ségolène, qui sait ? », dit une responsable de la fédération locale.
Ce week-end, elle rassemble ses soutiens et tous ceux qui veulent débattre aux « Rencontres de la gauche » qu’elle a organisées sur son terrain, à Bram, dans l’Aude. La gauche ferait bien de ne pas prendre à la légère les ambitions de cette brune de caractère.