Cérémonie des Césars : femmes, on vous aime!

par Jérôme Clément |  publié le 24/02/2024

Justine Triet, Sandra Hüller, Monia Chokri Judith Godrèche… les femmes ont pris la parole

Photographie par Xose Bouzas / Hans Lucas.Illustration du logo Caesar sur une tente d acces bleue pour les invites, lors de l arrivee a la ceremonie - Photo Xose Bouzas / Hans Lucas

Les Césars sont une sorte de bilan de l’année. Sans surprise, c’est Anatomie d’une chute qui a été couronné meilleur film, meilleure réalisation, meilleure actrice, meilleur acteur pour un second rôle, Swann Arlaud, meilleur monteur, meilleur scénario original .Une consécration pour Justine Triet, et la formidable Sandra Hūller, actrice allemande, après la palme d’or à Cannes en attendant les Oscars à Hollywood dans quelques semaines. Deuxième César du meilleur film pour une femme en 49 ans, après Toni Marshall, c’est mieux mais c’est lent…

Pourtant, il y a une nouvelle génération de talents féminins, réalisatrices, actrices et autres métiers du cinéma dans lequel elles font une arrivée remarquée. À noter cette année une parité absolue entre les hommes et les femmes primés, allons, on est sur la bonne voie…

Ce qui frappe le plus dans ce palmarès, c’est la diversité des sujets et des traitements. L’autre film, cinq Césars, très remarqué est celui de Thomas Cailley, Le règne animal, dans lequel certains humains deviennent des bêtes, film inquiétant et profond, admirablement joué par Romain Duris et Paul Kircher qui, tous deux, méritaient d’être primés.

Arieh Worthalter a reçu le César du meilleur acteur pour son interprétation de Goldman, dans le film de Cédric Kahn, ce film dont nous avons dit ici l’excellence. L’interpellation de l’acteur pour un cessez-le-feu à Gaza après celui de deux autres femmes primées a rappelé l’irruption des thèmes politiques d’actualité. Curieusement l’Ukraine a été la grande absente de la soirée. Lassitude ?

La question agricole, elle, s’est invitée dans une intervention de Raphaël Quenard, meilleur espoir masculin, sans aucun doute l’une des révélations de l’année pour son rôle magistral dans Le chien de la casse, un premier film et dans Yannick, de Quentin Dupieux.

Côté étranger, cette année il n’y avait que l’embarras du choix : Kaurismaki, Wenders, Bellochio, Nolan…surprise, c’est Monia Chokri qui l’a reçu pour Simple comme Sylvain, le moins attendu des postulants, une jeune réalisatrice parmi ces caciques, autre signe des temps.

Évidemment, les abus sexuels, eux, ont été évoqués, plutôt moins que ce qui était annoncé, malgré l’intervention attendue de Judith Godrèche. Tension palpable, désir d’en parler tout en évitant les dérapages, et ‘éviter les débordements : pari gagné.

Et puis il y a les rituels, rien à faire, il faut y passer. Les remerciements incontournables et les intermèdes, pas tous passionnants, qui gagneraient a être raccourcis. On repense à Antoine de Caunes, dont la légèreté, l’humour, et les blagues nous faisaient passer une soirée pétillante. Cette fois-ci, hélas, c’est l’évocation de Jane Birkin qui était la plus émouvante,

 Cette année, le moment exceptionnel nous a été offert par Djamel Debbouze qui a remis un César d’honneur à Agnès Jaoui : émouvant discours quand il décrit le racisme ordinaire, subi par ses parents et lui-même, et comment Agnès Jaoui, cette grande dame, lui a appris à grandir et à respirer, à devenir un homme, luttant contre les inégalités, la médiocrité, la petitesse.

Merci Djamel,merci Agnès Jaoui.

Jérôme Clément

Editorialiste culture