Ces guerres lointaines qui sont les nôtres

publié le 11/10/2024

Par un complexe jeu d’alliances, les deux guerres qui font l’actualité, en Ukraine et au Proche-Orient, s’étendent à toute la planète. Est-ce le début d’un troisième conflit mondial ?

Par Pierre Saragoussi (*)

Des Irakiens tiennent une affiche du dirigeant du Hezollah, Hassan Nasrallah et une autre du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lors d'une manifestation contre le bombardement israélien de la bande de Gaza et du Liban, le 11 octobre 2024. (Photo de AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Encore une fois, le juste combat des Palestiniens pour le droit à un État est repoussé et peut-être définitivement perdu. Leur combat a été torpillé le 7 octobre 2023 par l’attaque barbare du Hamas, soutenue par le Hezbollah et par les agressions permanentes des habitants de Cisjordanie organisée par les deux membres suprémacistes du gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou, véritables « ingénieurs du chaos » depuis plus de vingt ans : Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich.

En Europe l’espoir d’une paix durable succédant définitivement à l’état de guerre entretenu par les nations occidentales depuis le XVe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle a été torpillé par l’attaque de l’Ukraine par la Russie en février 2022. S’activant dans des jeux d’alliance complexes, un très grand nombre d’états du monde sont engagés directement ou indirectement dans des conflits au contenu divers. Que nous le voulions ou non la possibilité d’une troisième guerre mondiale n’a jamais été aussi proche.

Les pays occidentaux, notion que j’élargis à Israël, Ukraine, Japon, Taïwan, Australie, Thaïlande, Philippines, Corée du Sud sont engagés collectivement, individuellement ou par groupes dans des conflits soient économiques, militaires, cybernétiques ou idéologiques avec certains pays que l’on dit appartenir au « Sud Global » et dont le groupe leader est composé, de la Chine, la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, la Turquie.

Etant bien sûr incapable d’exposer la nature de tous ces conflits, je retiendrai pour mon propos, les conflits qui opposent l’Ukraine et Israël à ce groupe leader. Je les retiens parce qu’ils ont des conséquences directes sur l’Europe, sur la France, sur le devenir de toutes les démocraties du monde.

Pour nous, il est vital, au sens fort de cet adjectif, que l’Ukraine et Israël gagnent leur guerre qui sont, que nous le voulions ou pas aussi nos guerres. La Russie et ses alliés tous gouvernés par des gouvernements autocratiques, ne doit pas gagner la guerre qu’elle a engagée depuis plusieurs années contre l’Ukraine. Le « Tsar » Poutine doit abandonner son rêve d’une Grande Russie, nouvel avatar de l’ancienne URSS.

L’Iran et ses alliés, qui sont les mêmes que pour la Russie et ses affidés, doivent être amenés à proclamer « caduque » leur charte, qui affirme leur volonté de persécuter les Juifs, qu’ils soient citoyens d’Israël ou d’ailleurs. Le gouvernement iranien doit renoncer à vouloir être le leader du monde musulman et imposer son idéologie politico-religieuse. Cette éventualité est redoutée par la majorité des gouvernements des pays musulmans sunnites qui ont subi dans leur histoire des tentatives de déstabilisation organisées par l’Iran. C’est certainement une des raisons de leur passivité face à la guerre conduite par Israël.

Je sais que dans ces deux guerres des milliers de civils sont tués alors qu’ils ne sont, pour majorité d’entre eux, que témoins contraints et victimes. Je pense en particulier aux Ukrainiens, aux Libanais et aux Palestiniens, qui pour la majorité d’entre eux, ne souhaitent que vivre dans un pays qu’ils gouverneraient eux-mêmes.

Je pense en particulier aux Israéliens qui ont été sauvagement attaqués ou pris en otages par le Hamas le 7 octobre 2023 ou obligés de quitter leur territoire du nord d’Israël sous les coups du Hezbollah, sans oublier les victimes d’attentats depuis le 11 septembre 2000 organisés par les courants politico-religieux musulmans.

J’espère que la victoire une fois assurée, les Ukrainiens et les Israéliens éliront alors des gouvernements démocrates qui inséreront leur pays dans des ensembles sécurisés et que sera définitivement abandonnée l’idée d’un projet de Grand Israël au profit d’un état palestinien et d’une grande Russie intégrant les conquêtes récentes.

(*) Ancien directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Par Pierre Saragoussi