Ces promesses qui n’engagent que….

par Bernard Attali |  publié le 19/06/2024

Les partis qui se disent de gouvernement avancent quelques inepties qui font douter d’eux

De tous les côtés fleurissent les promesses, au point que ceux qui les énoncent n’hésitent pas à dire qu’ils ne les tiendront pas… comme le RN pour la retraite. Il faut être bien naïf pour ne pas voir que la fameuse « préférence nationale » impliquera une sortie de l’Union européenne. Donc, une sortie de route. Mais fustiger le programme de l’extrême droite n’est que trop facile.

Prenons celui du nouveau Front Populaire. Lui aussi veut abroger la réforme des retraites ! Ce n’est jamais qu’un pari à 50 milliards. Il ajoute même un nouveau coût en indexant lesdites retraites sur les salaires et non sur l’inflation. Avec quel chiffrage ? Mystère.

Il entend aussi bloquer immédiatement les prix des biens de première nécessité, faire passer le SMIC à 1 600 euros, indexer les salaires sur l’inflation, augmenter de 10 pour cent le point d’indice des fonctionnaires (coût : 20 milliards), instaurer la gratuité intégrale à l’école (coût : 7 milliards), annuler une partie des taxes sur l’énergie (coût : 6 milliards), réduire les effectifs par classe à 19 élèves (coût : 6,8 milliards), créer une garantie d’autonomie pour les jeunes (coût : 12 milliards)… Tout cela à un moment où le contexte économique se durcit avec la remontée des taux. Sans parler des mesures fiscales à contresens (la re-taxation des heures supplémentaires) ou les silences lourds d’ambiguïté (sur le nucléaire) !

« J’espère encore, au moment où j’écris ces lignes, que la raison va leur revenir avant les échéances électorales »

Comment des responsables politiques sérieux peuvent-ils endosser de tels programmes ? Peut-être comptent-ils sur Bruxelles pour les bloquer ? Ce serait un comble, non ? Dans quel état d’indigence se trouvent donc des partis qui se disent de gouvernement pour avancer de telles âneries ?

J’espère encore, au moment où j’écris ces lignes, que la raison va leur revenir avant les échéances électorales. Je suis viscéralement opposé à l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir et voterai Front républicain quoi qu’il arrive. Mais ce serait pour lui une victoire à la Pyrrhus que de grignoter quelques sièges maintenant en étant dans la démagogie… Il en sortirait complètement déconsidéré en 2027. C’est une faute grave d’imaginer qu’il est possible d’arrêter des mensonges de droite par des mensonges de gauche ! Ne jamais oublier : s’il y a des vérités qui blessent, il y a des mensonges qui tuent.

Bernard Attali

Editorialiste