Charles de Courson : le cauchemar de Macron
C’est un personnage étrange, un député ascétique et un trublion imprévisible, un centriste réac et social, un aristocrate populaire, un procureur de fer qui donne aujourd’hui des sueurs froides au gouvernement.
Charles de Courson présente ce matin la motion de censure du groupe LIOT sur laquelle doivent se retrouver toutes les oppositions à Emmanuel Macron.
En principe, le texte ne passe pas, faute d’un nombre suffisant d’élus LR décidés à faire tomber le gouvernement Borne. Mais sait-on jamais …En tout cas, celui par qui la chute pourrait arriver est le plus redoutable porte-parole de cet assaut incertain.
Charles de Courson est le vétéran de l’Assemblée, réélu six fois au siège de député de la Marne qui occupe depuis trente ans. C’est un spécialiste des finances publiques, ancien de la Cour des Comptes, expert implacable dans l’art de débusquer les faux-semblants des budgets présentés par l’exécutif, quelle que soit sa couleur politique. Depuis le début du débat sur la réforme des retraites, il s’est fait l’accusateur minutieux du projet qu’il juge, en bon catholique social, trop injuste pour les classes pauvres.
Ses compétences et ses convictions de marbre en ont fait l’un des parlementaires les plus respectés. Héritier d’un grand-père et père résistants et déportés, nobliau rural vivant dans une grande maison « qui n’a pas connu de travaux depuis 1950 » (dixit un visiteur), célibataire endurci, marquis austère enraciné dans la France profonde, il est un Savonarole de la ligne budgétaire, un Calvin de la dépense gouvernementale, un Cassandre du déficit public, loué sur tous les bancs pour son professionnalisme et son indépendance d’esprit.
Star inattendue du groupe LIOT, rassemblement composite de centristes sans attache, de macronistes et de socialistes en rupture de ban et représentants de l’outremer, il a rédigé avec application le texte de la motion que tous les opposants déclarent vouloir, voter de Marine Le Pen à Danièle Obono.
Centriste, libéral, européen, il avait vocation naturelle à rejoindre la macronie. Mais il estime que le président est un homme sans grande conviction exerçant avec arrogance un pouvoir soutenu par une troupe informe d’amateurs sans épaisseur. Il avait tout pour le soutenir ; il est aujourd’hui son plus dangereux adversaire.