ChatGPT : guerre civile chez les geeks
Le directeur général d’OPEN AI, maison mère de ChatGPT, est licencié. Puis réembauché par Microsoft. Et enfin remis à la tête d’OPEN AI. Que cache ce stupéfiant aller et retour ?
Quand les scénaristes d’Hollywood se mettront un jour à écrire la grande histoire de l’intelligence artificielle. À moins que ce soit l’intelligence artificielle elle-même qui l’écrive. En tout cas, ils trouveront dans le récit de la crise de ces derniers jours à OPEN AI, la structure entrepreneuriale qui a inventé le logiciel ChatGPT, la matière d’un épisode formidable. La réalité y a dépassé la fiction. Un retournement de situation digne des meilleurs productions de Netflix ou de Canal +.
Premier épisode : l’éviction.
Vendredi 17 novembre, conseil d’administration d’OPEN AI, l’organisme à but non lucratif créé en 2015 par six partenaires dont Elon Musk. Valorisée à près de 30 milliards de dollars, cette structure de recherches prétend développer un outil de raisonnement artificiel pour transformer les domaines de la santé, du changement climatique et de l’éducation. Il s’agit, énonce Open AI, de rendre les individus plus productifs grâce à la prise en charge par la machine de ce qui peut se déléguer à un outil intelligent.
À cette séance, Samuel Altman cofondateur, directeur général, est évincé. Stupeur dans le monde de l’intelligence artificielle. Tremblement chez les salariés. À 38 ans, le chercheur est considéré comme un des dirigeants les plus importants de son secteur. Argument du licenciement : une perte de confiance du conseil d’administration en son leader. Très classique et très flou.
Deuxième épisode : le tour de passe-passe.
Le gouvernement français s’empresse de faire les yeux doux au fraichement licencié. Jean-Noël Barrot, ministre chargé du Numérique a le contact. Mais subito presto, le prodige est embauché avec ses principaux lieutenants par Microsoft, par ailleurs actionnaire d’OPEN AI. Une lettre signée par 700 de ses anciens employés réclame le retour du DG prodige. Ça chauffe !
Troisième épisode : le retour. Le 22 novembre , Sam Altman annonce retour sur le réseau X : « We’re back ». Avec son équipe, bien sûr. Re-stupeur dans la Silicon Valley ; mais ravissement chez les salariés. Le conseil d’administration est aussitôt remanié. De nouveaux membres, provisoires, sont nommés. D’autres pourraient se retirer. L’arroseur arrosé, en somme.
Que faut-il retenir de cette comédie en trois actes ? Ce sont les enjeux de l’intelligence artificielle qui seraient au cœur de l’affaire. OPEN AI, qui a mis en orbite Chat GPT il y a un an, avait pour but de créer des systèmes « sûrs et bénéfiques pour l’humanité ». Or, les inquiétudes sont vives sur les effets possibles dans nos sociétés de systèmes hors de contrôle et destructeurs d’emplois. Les débats se multiplient.
Sam Altman, vainqueur de cette manche, aurait une conception plus commerciale que philanthropique de ses innovations. Le business a-t-il gagné sur l’éthique ? À moins qu’il ne s’agisse qu’un simple différent de gouvernance. La suite au prochain épisode. Car ,comme chacun sait, les bonnes séries ont toujours une suite…