Cinéma américain de Deauville : Vive la grève !
Après la Mostra de Venise, les quatre mois de grève des scénaristes américains, soutenue par les actrices et acteurs, rejaillissent sur le 49e Festival du film américain de Deauville.
Natalie Portman, Peter Dinklage, Jude Law, Joseph Gordon Lewitt ne viendront pas recevoir les hommages prévus, qui leur seront rendus malgré leur absence. Mais les réalisateurs sont là : Rebecca Miller qui arbore le badge de soutien aux grévistes, Todd Haynes, Sophie Barthes, Céline Song, soit 24 metteurs en scène dont 12 en compétition. Et Guillaume Canet, président du jury du festival, a rendu un vibrant hommage à l’emblématique Jerry Schatzberg, 96 ans, photographe, réalisateur et scénariste Newyorkais.
Malgré les désistements, la programmation est maintenue. « C’est dans ce contexte de résistance que nous avons écrit l’histoire de cette édition où le cinéma indépendant prépare l’avenir dans une industrie en pleine mutation », affirme Bruno Barde, directeur du festival, qui affirme soutenir le ralliement des acteurs à la grève des scénaristes.
Ceux-ci exigent une meilleure rémunération en prenant en compte la carrière des films sur les plateformes, Netflix, Amazon, vivement critiquées. Les créateurs demandent également un encadrement strict de l’usage de l’Intelligence Artificielle qui risque d’entrainer une hausse du chômage dans les métiers du cinéma.
Face à la rébellion des 11 500 scénaristes , si les petites sociétés de production ont accédé aux demandes du syndicat, l’ « Alliance of Motion Picture and Television Producers », qui représente plusieurs centaines de sociétés de production, refuse, inflexible, toute négociation.
Le syndicat à la base du mouvement social des acteurs interdit toute campagne de promotion des films, y compris dans les festivals et le report de la sortie des films est maintenant acté. La programmation sur les écrans de la grosse production,« Dune », est par exemple retardée. De nombreuses séries qui alimentent les écrans français peuvent ainsi être impactées.
Que reste-t-il en compétition à Deauville ? L’essentiel : 14 films dont 9 seront des premiers films et 8 réalisés par des femmes. Avec des thèmes récurrents qui appartiennent bien aux nouveaux cinéastes américains : les différences entre les êtres, aussi bien adultes qu’adolescents, une histoire actuelle, violente, anxieuse, nostalgique, rebelle. En un mot, l’Amérique et ses réalités d’aujourd’hui.
Alain Roumestand