Climat : l’assurance n’est plus sans risques…

par Jacques Treiner |  publié le 29/03/2024

Les compagnies d’assurances vont-elles continuer à assurer les catastrophes liées au dérèglement du climat ?

Les vagues contre le phare à l'entrée du port pendant la tempête Nelson, aux Sables-d'Olonne, dans l'ouest de la France, le 28 mars 2024- Photo LOIC VENANCE / AFP

Imaginons qu’une compagnie veuille proposer une assurance contre un risque avéré. Comment une compagnie d’assurances calcule-t-elle le montant des primes demandées à ses clients ? D’abord, en déterminant la fréquence des événements concernés, et le montant des dommages associés. La somme de tous ces montants représente ensuite ce que la compagnie d’assurance devra payer chaque année en réparations.

En divisant cette somme par le nombre d’assurés (sans oublier un bénéfice pour la compagnie), on détermine la prime qui sera demandée à chaque assuré. Cette mutualisation du risque fait que les personnes n’ayant pas subi de dommage paient pour ceux qui ont été atteints.

En cas de diminution, due par exemple à une meilleure prévention, la compagnie fera des bénéfices, elle pourra même diminuer le montant des primes. En cas d’augmentation, elle devra augmenter le montant des primes.

 Mais que se passe-t-il si une cause extérieure fait que la fréquence des événements augmente régulièrement, ou que le montant des dégâts augmente aussi de façon constante ? La réponse est simple : le risque peut devenir inassurable ! Or, c’est bien ce qui est annoncé avec le changement climatique.

Quelques exemples. Avec le réchauffement, l’atmosphère peut contenir plus de vapeur d’eau : 7% en plus par degré de réchauffement. Plus de vapeur d’eau implique plus de précipitations.

Mais ce « plus » n’est pas uniforme sur la surface du globe, ce sont les événements extrêmes qui augmentent en intensité : là où il pleuvait, il pleut encore plus, avec risques d’inondation, et là où il pleuvait moins, il pleut encore moins, avec risque de sécheresse. Des pluies plus intenses font gonfler les sols qui se rétractent lors des épisodes de canicules. Conséquence : graves fissurations des murs, menaçant la structure des bâtiments. Ce sont des millions de logements qui sont concernés.

Autres exemples : l’augmentation du niveau des mers qui met en danger, à terme, les bâtiments construits près du trait de côte, effets des grêles violentes sur les cultures, incendies de forêt, etc.

Dans chaque pays, les montants en jeu sont de plusieurs milliards, voire de dizaines de milliards d’euros par an : en 2023, 6,5 milliards d’euros en France, 93 milliards de dollars aux USA. On comprend ainsi la création en mai 2023, en France, d’une mission sur l’assurabilité des risques climatiques, chargée de faire des propositions pour garantir la soutenabilité du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles… »

Là, on sent poindre un certain désarroi. Quelles sont les options extrêmes ? D’une part, cesser purement et simplement d’assurer certains risques, et abandonner les personnes frappées à leur triste sort ; d’autre part, sur le modèle français souvent cité à l’étranger, caractériser certains événements particulièrement graves comme des « catastrophes naturelles », alors pris en charge par l’État. À condition que ces catastrophes ne deviennent pas trop fréquentes ?

Jacques Treiner

Chroniqueur scientifique