Climat : les quatre défis du 21e siècle

par Pierre Calame |  publié le 14/09/2023

L’effondrement a commencé. Le réchauffement climatique va plus vite que prévu avec ses conséquences cataclysmiques. Jamais, pourtant, les nations du monde n’ont été aussi divisées.

Vallée de la mort - Californie- Photo DAVID MCNEW / GETTY IMAGES

On pensait naïvement que le « doux commerce » pacifierait les relations entre les nations et l’on découvre à l’inverse que la soif d’énergie fossile conduit l’Europe à acheter le gaz russe et à financer la guerre contre laquelle elle lutte. Et, cynisme radical, les Nations (dés)Unies confient le soin de la COP28 à un pétrolier …

En 1948, avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’idée de « famille humaine » a quitté le champ du religieux pour s’aventurer dans celui du droit. Mais on en est resté là.

Le grand professeur de management de Louvain, Philippe de Foot rappelait que quand une entreprise a listé ses cinquante problèmes elle n’a rien fait, quand elle a hiérarchisé les quatre premiers elle a fait quatre-vingts pour cent d’une stratégie. C’est vrai aussi pour l’humanité. Des organismes érudits savent égrener la litanie des problèmes mondiaux et les Objectifs du développement durable de leurs cent vingt indicateurs ? Foutaise.

Peut-on se mettre d’accord sur l’essentiel ? Oui. Mais certainement pas dans un myrialogue entre États souverains, sinon G7, G20 et autres BRICS y seraient parvenus. Car les États souverains ont été inventés pour faire l’inverse : affirmer des intérêts « nationaux et les opposer entre eux. Ce qu’il faut c’est un dialogue mondial entre les sociétés.

C’est ce que nous avons fait entre 1994 et 2021 avec l’Alliance pour un monde responsable et solidaire. Tentative inouïe de dialogues sur les défis communs, d’un continent à l’autre, d’un sujet à l’autre, d’un milieu à l’autre. Point d’orgue : l’Assemblée mondiale des citoyens, décembre 2001, à Lille dans le silence sidéral et sidérant des médias français (il fallait aller à Jakarta, Bamako ou Pékin pour en entendre parler).

Quatre cents personnes, avec des quotas entre vingt régions du monde et entre milieux socioprofessionnels, des militaires aux paysans. Dix jours, cinquante ateliers et, au final, un Agenda pour le 21e siècle identifiant… les quatre défis communs de l’humanité.

Les voici :

– une refondation du système économique intégrant les limites planétaires

– une révolution de la gouvernance pour organiser la gestion des communs du local au mondial

–  la recherche de valeurs communes au carrefour des grandes traditions culturelles, qui a montré que le vingt et unième siècle serait non celui des droits, mais celui des responsabilités

–  les conditions d’émergence d’une conscience de communauté mondiale, de co-institution de cette communauté.

La bonne nouvelle ? Quatre défis, ce n’est pas la mer à boire.

La mauvaise ? Chacun d’eux implique une métamorphose de nos manières de penser et de nous gérer.

Il est plus que temps de s’y mettre, non ?

Pierre Calame