Comment dominer le reste du monde
La guerre est déjà déclarée. Celle des cyberattaques que Pékin multiplie au service d’un impérialisme décomplexé
La République populaire de Chine a bien l’intention de devenir la première puissance mondiale en 2049, pour le centième anniversaire de sa création. Pour atteindre cet objectif, tout est bon : espionner à tout va, de piller les technologies occidentales, pratiquer un dumping commercial systématique, racheter ou fournir des infrastructures de transport le long des routes de la soie ou ailleurs pour rendre dépendants les états bénéficiaires de ces largesses. Pékin mène aussi activement des opérations d’influence ou de déstabilisation tous azimuts contre les démocraties. La guerre hybride n’a plus secret pour ses services.
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes a porté plainte pour une cyberattaque contre sa boite de courrier électronique au parlement européen. Cette agression serait l’œuvre d’un groupe de hackers, APT31, lié à Pékin. L’attaque a eu lieu pendant la visite de Xi-Jinping en France. D’autres parlementaires ont été visés. Les Américains , les Britanniques et les Néo-Zélandais ont lancé à plusieurs reprises les mêmes accusations. Et depuis 20 ans, en Asie même, de nombreux pays ont constaté des intrusions en tout genre. Les Chinois, outrés, ont toujours nié. Le phénomène est néanmoins mondial et constant.
100 000 spécialistes des services devraient être formés par la Chine
En 2007, déjà, lors de la visite d’Angela Merkel, en Chine, son homologue chinois, Wen Jibao regrette une attaque de hackers contre les ordinateurs de la chancellerie allemande et de nombreux ministères de la République fédérale. À l’époque, le Premier ministre chinois, plutôt réformateur, se voulait en bon terme avec l’Occident. Depuis, le climat a changé. En matière de cyberguerre, il semble que ce soit l’Armée populaire de Libération qui agit. Elle aurait créé un corps d’armée cyber de 9600 hommes dont les unités 61398 et 6104616, sont dédiées à ce type d’opération. Les chiffres les plus fous circulent. La Chine voudrait former et engager dans ses divers services plus de 100 000 spécialistes.
La menace est terrible. Infecter des systèmes informatiques peut permettre de bloquer un réseau d’énergie, le contrôle aérien d’un aéroport, des communications… D’une certaine façon, la guerre est déjà déclarée, même si elle ne fait pas de victimes directes. La puissance des services de renseignement chinois et leur niveau d’excellence opérationnelle et technologique, en fait une arme redoutable au service de l’impérialisme de Pékin. Lequel ne connait plus de limite à sa volonté de puissance ? La communauté du renseignement chinois comprend une myriade d’organisations dans un système très centralisé. Elle est intimement liée à Xi Jinping.
C’est le Guoanbu, le KGB chinois, qui a protégé l’actuel leader chinois et déjoué les complots qui pouvaient entraver son ascension vers le pouvoir suprême en 2013. Aujourd’hui les rapports de force qui prévalent à l’intérieur du Zhongnanhai, les « lacs du milieu et du Sud », la résidence des dirigeants, quelles que soient les purges et les disparitions, restent mystérieux. Mais, avec le soutien de ses services secrets, le président garde un atout maître.