Commission européenne : «Super Mario», le favori
L’italien Mario Draghi, fort de ses compétences reconnues, tient la corde pour remplacer une Ursula von der Leyen bien pâle
Ursula von der Leyen est candidate à sa propre réélection à la tête de la Commission européenne. Ses chances paraissent faibles. L’extrême-droite du Parlement européen lui est farouchement opposée. Et elle s’est coupée de la gauche lorsque récemment elle a émis l’idée d’un rapprochement de son propre parti avec celui d’extrême- droite de Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement italien. Du coup, les chances de Mario Draghi n’en sont que meilleures encore. L’homme qui a sauvé l’euro en 2012 peut-il sauver l’Europe en 2024 ? « Super Mario », c’est son surnom possède en tout cas, l’autorité, la compétence, le charisme et la capacité de gestion nécessaires.
Cet économiste a fait ses preuves comme directeur de la Banque mondiale à Washington, gouverneur de la Banque d’Italie, président de la Banque centrale européenne, puis président du Conseil italien. Comme chef de l’exécutif à Rome, sa dernière charge, il a relancé l’économie, obtenant plus de 10 % de croissance sur deux ans, le meilleur score depuis le « miracle italien ». En vrai grand commis de l’État, il a gouverné sans rien céder aux pressions politiciennes. Toujours disposé à écouter tout le monde, mais toujours enclin à décider tout seul.
Rempart au cyclone
En politique étrangère, atlantiste convaincu, et défenseur indéfectible de l’Ukraine contre la Russie, il serait aussi le meilleur des remparts au cyclone Trump, mais aussi un négociateur capable de dialoguer avec Xi Jipin. Dans son « Rapport sur la compétitivité », il affirme vouloir « changer radicalement l’Union européenne sur la transition énergétique, la transition digitale, la crise démographique et la Défense commune ». Emmanuel Macron, un de ses fermes soutiens, apprécie. Giorgia Meloni, elle, se montre moins enthousiaste. Nul n’est prophète en son pays.
Elle a commencé en octobre 2022 par le vénérer, Draghi le magicien appliquant minutieusement ses préceptes, lui téléphonant régulièrement pour solliciter son approbation. On l’avait surnommée « la meilleure élève de Draghi ». Puis tout s’est gâté. Avec les croche-pieds de ses alliés au gouvernement, en particulier Matteo Salvini, patron du parti souverainiste de La Lega, s’est lancé dans la surenchère d’extrême-droite. Déstabilisée, « la Meloni » a amorcé une plongée vers ses vieux démons et exprimé des doutes croissants sur l’utilisation contre la Russie des armes livrées à l’Ukraine. Avant de prendre de la distance avec l’actuelle présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen et de sa formule gouvernementale ( socialistes plus « populaires »). D’où sa campagne populiste avec un « Je vote Giorgia » comme seul programme électoral.
Même si elle a habitué ses fans aux girouettes continues, on la voit donc mal retournant demain sa veste pour sponsoriser Draghi. Qui a en plus le gros défaut d’être parrainé par l’ennemi numéro un de Meloni… Emmanuel Macron en personne.