Concours Lépine ou concours Lénine ?
La gauche fait feu de tout bois pour inventer une solution qui lui permette de gouverner, tandis que LFI prétend toujours tout régenter.
Dans une sorte de feu d’artifice constitutionnel, les éminences socialistes proposent toute une série de solutions pour gouverner la France en étant largement minoritaires, chose difficile, on en conviendra. Les uns veulent une coalition très large, d’autres une coalition étroite, d’autres encore une coalition au coup par coup, les derniers une sorte d’union nationale. En oubliant qu’en mathématique, personne n’a jamais réussi à résoudre le célèbre problème de la quadrature du cercle : quand on est minoritaire, il faut tenir compte des autres, qui forment par définition une majorité négative.
Pendant ce temps, les Insoumis continuent d’œuvrer à leur prise de pouvoir, au mépris de toute considération démocratique. Avec une énergie digne de Vladimir Oulianov, ils revendiquent tout le pouvoir pour leur soviet, annonçant qu’ils gouverneront par décret, contraindront le centre à se convertir à l’extrême-gauche, useront de l’article 49-3 qu’ils dénonçaient il y a peu comme un instrument dictatorial. Un gouvernement « gazeux » en quelque sorte, à la manière de celui qui régit leur propre parti. Ils veulent prendre le palais d’Hiver en plein été, ambition elle aussi oxymorique. Concours Lépine d’un côté, donc, et concours Lénine de l’autre.
Le réveil des socialistes
Apparemment, les socialistes se sont réveillés et semblent devoir se mettre d’accord sur le nom d’Olivier Faure pour Matignon. Idée logique : le PS est central dans le dispositif du Front populaire et il n’encourt pas le rejet suscité par la France Insoumise. Si la gauche veut gouverner, il n’y a pas d’autre solution. De la même manière, les socialistes commencent à admettre qu’ils ne pourront pas appliquer le programme du NFP, en tout cas pas dans son entièreté. Il était temps de s’en rendre compte : comment a-t-on pu accorder le moindre crédit aux rodomontades de Jean-Luc Mélenchon sur ce sujet ?
Si les choses continuent d’aller dans ce sens, ce sera un tournant pour la gauche française : elle sera enfin dégagée de l’emprise mélenchoniste, même si la France Insoumise continuera sans se lasser à handicaper l’attelage. LFI s’est discréditée au Parlement, elle est tombée à 10 % aux européennes, contre 14 % pour le PS, et à chaque fois qu’un de ses candidats à dû affronter un dissident dans ces législatives, il a perdu, Mélenchon est l’homme politique le plus impopulaire de France avec Éric Zemmour et ses oukases ne sont plus écoutés par personne en dehors de LFI. C’est la fin d’un règne. Il n’avait que trop duré.