Congés menstruels: bon sang, c’est bien sûr !

par Valérie Lecasble |  publié le 19/04/2023

Un petit pas pour la société, un grand pas pour les femmes. Carrefour reconnaît le congé menstruel. Le début, enfin, d’un vrai changement pour les Françaises?

Manifestation à Paris "Mon Endometriose Ma Souffrance"- Photo ALAIN JOCARD / AFP)

Voilà quelques mois à peine, l’Espagne, premier pays en Europe, annonçait la mise en place au niveau national de congés menstruels, ces jours supplémentaires alloués aux femmes souffrant notamment d’endométriose. En accordant des congés menstruels à celles qui en sont frappées, le PDG de Carrefour vient d’ouvrir à son tour en France la porte à un changement des mentalités.

Désormais, ses employées auront droit à douze journées de congés annuels supplémentaires et payés, à condition de prouver – carte de handicap ou attestation de la Sécurité sociale – qu’elles en sont atteintes.

Alexandre Bompard démontre ainsi l’engagement fort de son entreprise en faveur de la mixité et du bien-être des femmes au travail. Lui qui emploie plus de 320 000 personnes dans le monde dont 210 000 femmes – soit 65% du personnel, au sein duquel de nombreuses caissières et travailleuses de première ligne, boulots indispensables, mais mal reconnus – touche juste et au cœur du métier. Qui mieux que le leader français de la grande distribution et l’un des premiers employeurs privés de France, pouvait montrer l’exemple ?

En France, l’endométriose est une pathologie moderne qui touche une femme sur dix. Une  pathologie sévère qui complique la procréation et provoque de violents maux de ventre avec des règles particulièrement douloureuses. Devenue emblématique de la nécessité de reconnaître aux femmes des droits particuliers, cette affection réunit, au sein d’associations, celles qui veulent sensibiliser le monde du travail à leur souffrance.

Hier, le monde des hommes au travail fixait des réunions en soirée sans se préoccuper de savoir qui allait pouvoir s’occuper des enfants à la maison. Hier, un congé maternité pouvait entraver la progression de carrières de certaines femmes culpabilisées qui, en fin de compte, n’osaient pas les prendre pour ne pas être absentes trop longtemps.

Et chaque mois, celles qui souffraient de menstruations douloureuses ou abondantes n’avaient d’autre choix que de … le cacher. Comme une sale maladie, un sujet tabou, parfois honteux.

Avec les congés menstruels, ce sont toutes les femmes qui bénéficient d’une avancée décisive. Et gagnent une nouvelle reconnaissance.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique