« Coolitude »
Novlangue. De Newspeak, George Orwell, « 1984 ». Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité
Le mot est de plus en plus présent dans les conversations, qu’elles soient sérieuses ou légères : la « coolitude », dérivé de l’anglais « cool », qui veut dire tranquille. La coolitude serait un état d’esprit, au même titre que l’on est zen, réac ou ringard.
Cette « coolitude » incarnerait une forme de sérénité et de tranquillité, une capacité à voir le monde avec une forme d’indifférence, comme si rien ne pouvait nous ébranler et qu’il fallait ne rien prendre au sérieux. Un « carpe diem » moderne. Cette notion tire son origine de l’esclavage aux États-Unis, mais une expression similaire se retrouve en Italie avec la sprezzatura des courtisans de la Renaissance, qui incarnait la nonchalance raffinée.
Aujourd’hui, le terme est surtout utilisé à tort et à travers dans les conversations, voire à la radio, mais surtout par tous les professionnels du marketing qui vendent des produits en s’appuyant sur cette pseudo « philosophie » moderne, un genre de mantra à adopter, d’après les marchands de développement personnel, qui prétendent qu’atteindre le summum de nos capacités, c’est être cool et zen.
Enfin c’est aussi, et malheureusement, utilisé dans le milieu politique. Un ministre cool et branché, c’est ce qui plait dans les médias et sur les réseaux sociaux : « Vous avez vu Attal/Bardella ? Ils sont cool ! » peut-on souvent lire dans les commentaires postés. Barack Obama en son temps fut le représentant ultime de la coolitude en politique. Il était toujours décontracté et dégageait quelque chose de simple, mais suffisant pour séduire. Sa connexion avec la jeune génération, à travers son amour du basketball et de la musique hip-hop, l’a très largement aidé à conquérir et conserver le pouvoir.
En 2016, quand il se lance à la conquête du pays, Emmanuel Macron est un adepte de la coolitude : détendu, souriant, donnant l’impression qu’il est sérieux sans trop. Un sérieux argument de communication de campagne pour vaincre le timoré François Fillon ou le normal François Hollande.
Cool, pas cool, coolitude… In fine, l’expression, nouvelle déclinaison branchée du franglais, ne veut pas dire grand-chose, si ce n’est qu’il est très chic et utile d’employer la Novlangue, pour tout et rien, quand on du mal à penser avec précision.