Covid-19 : la défaite des antivax

par Professeur Frédéric Adnet |  publié le 30/09/2023

Grâce au vaccin, le Covid ne nous confinera plus, il ne tue presque plus mais reste une menace. Et le virus fait déjà partie de notre quotidien, comme la grippe

La pandémie du Covid-19, qui nous a habitués à un nouveau lexique de mots semi-scientifiques – taux d’incidence, mortalité, taux de positivité, ARN messager, coronavirus, etc – n’a malheureusement pas dit son dernier mot. Elle évolue, en effet, par vagues successives depuis la première, meurtrière, de mars-avril 2000.

En France, le bilan provisoire s’élève à 160 000 morts. À l’échelle mondiale, 700 millions de personnes auraient été infectés par le Covid-19, avec 7 millions de morts recensés, pour un chiffre total estimé à 17 millions. Ces chiffres renvoient aux grandes pandémies mortelles historiques comme la grippe espagnole, qui a fait 50 millions de morts en 1918-1919, ou la peste noire (100 millions de morts au XIVème siècle).

Mais le Covid-19 présente une particularité : il ne faiblit pas. Si la saisonnalité n’est plus d’actualité, cette maladie évolue en vagues successives, rapprochées, imprévisibles. L’impact morbide – c’est-à-dire le nombre d’hospitalisations, de séjours en réanimation et la mortalité – diminue progressivement. En juin 2023, les chiffres donnaient un taux moyen d’incidence en France de 12/100 000 avec un « taux de reproduction » du virus – sa capacité à se transmettre d’une personne contaminée à une personne non malade – de 0,85, sans impact significatif sur le nombre d’hospitalisations et de patients en réanimation. Précision : les variants actuels circulants en France sont des sous-types du virus Omicron dont aucune dangerosité supplémentaire n’a été démontré.

Il va donc falloir vivre avec ce nouveau virus à transmission respiratoire pouvant, chez des patients fragilisés, provoquer des formes graves. La quasi-absence de nouveaux cas graves et mortels est, bien sûr, à mettre au compte de l’immunité de la population qui est d’origine mixte : vaccinale puisque 57,7 millions de français sont actuellement vaccinés, mais aussi acquise par des infections antérieures.

Cette couverture vaccinale a été un combat inattendu puisqu’il a fallu lutter contre un courant de désinformation continue relayé par les réseaux sociaux et certains « politiques ». Des patients non-vaccinés sont morts alors qu’ils auraient pu être sauvés. Alors, oui, les « antivax » ont du sang sur les mains. Plus grave, cette vague « antivax », obscurantistes et complotistes de tous poils, s’est aujourd’hui reconvertie  dans la question du climat et se répand sur les réseaux sociaux.

Antivax hier, climato-sceptiques aujourd’hui… là, encore, le déni obstiné de cette menace mondiale peut-être responsable d’une mortalité indue.

Sur le terrain scientifique, les vaccins vont courir après les mutations du virus – comme pour la grippe – et leur efficacité sera la résultante d’un pari vaccinal. Le vaccin actuel proposé pour octobre 2023 est optimisé pour le variant XBB 1.5 ou « Krakken » qui semble avoir acquis une résistance à l’immunité classique.

L’antibiotique antiviral qui annihilerait le virus n’existe toujours pas

Comme pour la grippe, nous pouvons, en théorie, être à la merci d’une souche plus dangereuse, plus agressive et plus résistante à une immunité acquise.

L’antibiotique antiviral qui annihilerait le virus n’existe toujours pas et nous allons nous devoir nous habituer à ce nouveau virus dont l’immense majorité des infections ne devrait laisser qu’un… mauvais souvenir.

La politique de prévention devrait suivre le modèle de la grippe : vacciner en priorité les sujets les plus à risque. N’oublions pas qu’au même titre qu’un nouveau virus du COVID-19, une grippe peut survenir avec la même « méchanceté ».

La guerre contre le Covid-19 n’est pas totalement gagnée, mais le virus cauchemar des dernières années a déjà perdu la mère des batailles. Grâce à l’arme du vaccin. N’en déplaise aux jeteurs de sorts…

Professeur Frédéric Adnet

Chroniqueur médical