Crèches : promesses et réalité.
À chaque élection municipale, les candidats à la mairie placent la création de nouvelles crèches en tête de leurs priorités électorales…
Jean-Christophe Combe, ministre de la Solidarité nommé l’été dernier, est sur les charbons ardents : il manque en France 200 000 places d’accueil et 10 000 personnes pour s’occuper d’enfants en bas âge. Ses propositions sont attendues dans le courant du mois de mai et le ministre a promis d’« agir rapidement ». Dès demain, vendredi 14 avril, va démarrer une campagne de communication pour « changer de regard » sur le métier de la petite enfance.
Il y a urgence. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) – diligenté à la suite du décès d’un bébé à Lyon l’été dernier – révèle aujourd’hui la maltraitance que subissent les jeunes enfants dans certaines crèches en France. Comment justifier qu’un enfant de moins de trois ans ait été oublié sur les toilettes, baigne dans une couche souillée, ne puisse pas faire la sieste faute de lit disponible ou pleure sans être consolé ?
« Nous connaissions ce constat et sommes au courant des dysfonctionnements », affirme-t-on dans l’entourage du ministre. Après le scandale des Ehpad, voici celui des crèches. Nous maltraitons nos vieillards et nos bébés.
Certes, tout n’est pas noir loin de là. Depuis dix ans, beaucoup de progrès ont été faits. Tout dépend du lieu de vie. Selon les villes, grandes ou petites, et les crèches, privées ou publiques, la situation est, disons, contrastée, voire franchement inégalitaire.
Le rapport pointe les écarts : à côté de crèches « de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie », on trouve aussi « des établissements de qualité très dégradée » ce qui peut entraîner « des carences dans la sécurisation affective et dans l’éveil ».
Pourtant, quand les deux parents travaillent, quel autre moyen que la crèche pour faire garder ses enfants ? La nounou à domicile est chère, la garde partagée compliquée et dans les deux cas, les enfants ne sont pas sociabilisés. Et les crèches peuvent coûter jusqu’à 1300 € par mois dans les grandes villes ou dans certains villages isolés.
Et si on décidait de faire des crèches de la petite enfance, une priorité nationale ?
Mieux, il y en a peu, parfois pas du tout, pour accueillir tous les enfants avant la maternelle. Et le personnel là aussi varie entre « impliqué et de bonne qualité » et « mal formé et démotivé ». La pénurie, comme dans les Ehpad, s’explique par des salaires insuffisants et une qualité de travail dégradée.
« L’enjeu est l’attractivité et la revalorisation des rémunérations et du métier : donner du sens, créer du lien », commente l’entourage du ministre. Ehpad-Crèche, même combat, on vous dit.
Promesse. À chaque élection municipale, les candidats à la mairie placent la création de nouvelles crèches en tête de leurs priorités électorales.
Réalité. Une fois élus, les maires manquent de moyens financiers et ils peinent à tenir leurs engagements. Au fait, qui contrôle les crèches ? Et si on décidait de faire des crèches de la petite enfance, une priorité nationale ?
Sans attendre le prochain scandale…