«Créolisation»

« La France est créole depuis le premier jour. Elle est au départ une nation “gallo-romaine”, un mélange de Gaulois et de Romains. La langue française est une invention de François 1er qui s’est enrichie d’apports étrangers au fil du temps. » Ainsi parlait Jean-Luc Mélenchon, invité par RMC, pour présenter son nouveau livre « Faites mieux ». La créolisation est la théorie chère à Mélenchon, strictement opposée de celle du « grand remplacement » d’Éric Zemmour.

Cette théorie est développée en 1974 par Edward Kamau Brathwaite, écrivain d’origine barbadienne. Il définit la créolisation comme une « forme d’hybridation culturelle ayant pour but une unification des peuples, quelle que soit l’origine ethnique. » Mélenchon affirme s’inspirer, surtout, de la définition d’Édouard Glissant qui, dans son ouvrage « Traité du tout monde », la définit comme suit : « J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les disharmonies entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre. »

Le mot provient historiquement de la colonisation de l’Amérique qui a fait se rencontrer les colons européens, les indigènes précolombiens (Mayas, Aztèques, Incas et autres peuples) ainsi que les esclaves africains déportés des années plus tard. Tous ces groupes venaient de continents différents et ont dû apprendre à vivre ensemble et à créer, malgré eux, une culture commune.

Pour Mélenchon, cette théorie est le pendant indispensable aux thèses de la droite identitaire et nationaliste. Lorsque celles-ci proposent la « submersion migratoire » ou le « grand remplacement » des populations européennes, qui sont des lectures très pessimistes, le leader insoumis propose un concept positif et optimiste qui parle de brassage des cultures et des idées. S’il est difficile de lire l’histoire mondiale et française à l’aune de cette théorie, La France insoumise la revendique fermement et compte s’appuyer dessus lors des prochaines élections pour séduire un électorat plus large.