Créteil : l’heure des retrouvailles

par Valérie Lecasble |  publié le 11/06/2023

Ils étaient deux mille au meeting de Bernard Cazeneuve. Ceux du noyau dur de la campagne présidentielle victorieuse de 2012 côtoyaient les élus de terrain plus récemment ralliés. Avec la même ferveur. Choses vues

Bernard Cazeneuve -10 juin 2023- Photo Behrouz MEHRI / AFP

Pour lui, c’est une grande première. Chef pilote du groupe d’experts au service de Bernard Cazeneuve, ce professionnel, incollable sur les arcanes de la République, a tenu à faire le déplacement. Militant socialiste depuis le berceau, directeur de cabinet de Laurent Fabius au Budget puis à Matignon sous François Mitterrand, PDG respecté de Renault pendant 15 ans, Louis Schweitzer, 80 ans, longiligne, l’œil malicieux derrière ses lunettes cerclées d’écaille, n’avait jusque-là jamais assisté à un meeting politique.

A ses côtés, Jean-Claude Mailly, l’ex-secrétaire général de FO est en charge des questions sociales. Et Jean-Martin Cohen-Solal, un ponte de la mutualité française, spécialiste des questions de santé.Pour beaucoup d’autres, ce sont des retrouvailles. Dix ans pour certains qu’ils rongent leur frein en attendant de vivre – enfin – cette reconstitution de ligue dissoute ! Sourires aux lèvres, on se donne joyeusement l’accolade, trop content de vivre ce moment ensemble.

Beaucoup des gros calibres de la campagne victorieuse de 2012 sont là. Erik Orsenna, l’Académicien créatif, Serge Moati, l’incontournable réalisateur du film sur l’histoire du socialisme, Jean-Michel Ribes, l’homme de théâtre, Jean-Pierre Bel, l’ex-Président du Sénat, Pierre-René Lemas, l’ex-secrétaire général de l’Élysée, Gilles Finchelstein, la tête pensante de la gauche à la Fondation Jean Jaurès.

Quand Bernard Cazeneuve et François Hollande entrent côte à côte par le fond de la salle et s’avancent ensemble vers l’estrade devant une nuée de caméras, c’est l’euphorie. « Changer le monde, changer les choses/ Avec des bouquets de roses/ Changer les femmes, changer les hommes / Avec des géraniums » chante Laurent Voulzy. Le public se lève, reprend, tape dans les mains. L’espoir que la gauche au pouvoir, celle de gouvernement, reviendra.

Après Jaurès, Blum, Mendès-France, Mitterrand, Jospin et Hollande, nous allons « écrire une nouvelle page de notre histoire » clame le maire de Créteil Laurent Cathala. Il se souvient que c’est bien dans sa ville que François Mitterrand, s’était déclaré candidat, un 24 janvier 1981, en route vers la présidentielle.

« Vous êtes venus plus nombreux que prévu » lance, radieux, Bernard Cazeneuve. Les anciens comme Jean-Christophe Cambadélis, Stéphane Le Foll ou la marseillaise Marie-Arlette Carlotti, fidèles parmi les fidèles ,ont tous répondu présent à l’appel. Ils ont été rejoints par une génération politique de terrain, plus jeune.

Enthousiastes, Michaël Delafosse, maire de Montpellier, Carole Delga, Présidente de l’Occitanie, présente en vidéo, Ariel Weil, le nouveau maire de Paris Centre et Loïg Chesnais-Girard, Le président de Bretagne. On est bien loin du cliché du parisianisme.
Conclusion de Guillaume Lacroix, président du PRG: « la grande révolution en France, c’est quand la gauche gouverne ».

Où sont les femmes ? On entendra Hélène Geoffroy, animatrice d’un courant du PS et Clara Léonard directrice de l’Institut d’avant-garde,sur le climat. L’une d’elles, Clotilde Valter, amie d’Elisabeth Borne, fait figure de chef d’orchestre. Cheville ouvrière de la Tribune signée par 110 élus en faveur d’une alternative de gauche, elle est assise au premier rang et on la voit murmurer à l’oreille de Bernard Cazeneuve.

François Hollande, lui, plaide en faveur d’une grande force de gauche capable de constituer une liste aux prochaines élections européennes. Et de sauver une Europe résolument démocratique face aux dictatures. Après un discours d’une heure de Bernard Cazeneuve. Il est temps de se quitter en chantant la Marseillaise.

Sur la photo de famille, François Hollande et Bernard Cazeneuve ensemble ? De quoi redonner confiance aux militants.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique