« Crush »
Novlangue. De Newspeak, George Orwell, « 1984 ». Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité
Le terme « crush », entré dans les dictionnaires en 2023, demeure difficile à définir. Ni flirt, ni romance, ni amour imaginaire, le crush est un concept flou, comme l’explique Mehdi dans l’enquête « Crush. Fragments du nouveau discours amoureux ». Ce flou reflète les interrogations actuelles sur l’amour, le couple et les lieux de rencontre.
Bien que le terme soit arrivé chez les adolescents français il y a une dizaine d’années, il est ancien. Un dictionnaire d’argot américain retrace son origine de l’ancien français à l’anglais du XIVe siècle. Au XIXe siècle, il fait partie du folklore estudiantin américain. À cette époque, une étudiante de première année se doit d’avoir un crush pour une étudiante plus âgée. À la charnière du XXe siècle, le crush est pathologisé, perçu comme un risque de lesbianisme et de baisse de natalité. C’est la première trace d’un usage massif du terme lié à la vie sentimentale des jeunes.
Les adolescents aujourd’hui voient le crush comme une attirance secrète, partagée uniquement avec des amis. Il y a des règles : l’engouement doit être de courte durée, peu intense et doit se terminer au lycée ou à la fin des études. Le crush crée une cohésion de groupe, soutenu par les discussions, différent des « béguins » d’autrefois qui cessaient dès que l’on rentrait chez soi.
Le crush des années 1960, popularisé par la chanson et des émissions comme « Salut les copains », a évolué avec les réseaux sociaux et les séries Netflix, notamment dans les récits queer. Ce terme permet d’explorer de nouvelles dimensions sentimentales sans se limiter aux difficultés du coming out.
Cet article s’inscrit dans la série « L’envers des mots », qui explore comment notre vocabulaire évolue avec les défis sociétaux et technologiques, enrichissant notre compréhension du monde moderne.