David Guiraud, l’apprenti inquisiteur
Ce qui compte, c’est le buzz. Plus c’est « hénaurme », plus ça marche. La vérité des faits, la pertinence des opinions. Bof !
Voilà un homme politique qui aime tordre les faits jusqu’à ce qu’ils corroborent ses opinions. Ce vendredi 10 novembre, David Guiraud est en Tunisie pour des conférences où il délivre son « expertise » géopolitique. Affalé sur un fauteuil confortable, le député insoumis débat de la guerre entre Israël et le Hamas. Il analyse les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth en 1982. Il affirme : « Le bébé dans le four, ça a été fait, en effet, par Israël, et la maman éventrée ça a été fait, c’est vrai, par Israël. »
La classe politique s’étrangle. Ce sont les phalanges chrétiennes libanaises qui ont commis ces actes. Certes, l’armée israélienne a laissé faire, mais elle n’est pas l’auteur de ces crimes. Dans sa volonté de relativiser les horreurs commises par le Hamas le 7 octobre, David Guiraud travestit la vérité. Manuel Bompard, « coordinateur » des insoumis, tente de relativiser la bourde. Il explique que le député a simplement voulu « rappeler un contexte historique ». Peu importe.
David Guiraud se décrit lui-même avantageusement comme un puncheur. C’est son rôle chez les insoumis : cogner. Durant la présidentielle 2022,
« Porte-parole de la jeunesse » , il cornaque les intervenants sur les plateaux. Gare à ceux en face qui ne maîtrisent pas leurs chiffres ou leurs arguments, il ne les ratera pas . D’ailleurs il adore ça, c’est « jouissif ».
Il pousse cette délectation jusqu’à porter la contradiction sur les plateaux de Cnews. Il poste ses interventions réussies sur les réseaux sociaux soucieux de son propre service après-vente. Si un interlocuteur le piège, la vidéo est coupée au bon endroit. Magie du cinéma.
David Guiraud analyse la vie politique comme une éternelle lutte des classes à mort contre les oppresseurs. Une façon symbolique de « tuer le père » Daniel Guiraud, ancien maire socialiste des Lilas. Un social-démocrate mou. Quelle part de révolte infantile y a-t-il chez ce fils rebelle qui rejoint tôt Jean-Luc Mélenchon ?
Il s’est politisé à la fac de Tolbiac, où il poursuit des études d’ histoire et de sciences politiques. Adhérent du tout jeune Parti de gauche. Il y rencontre Antoine Léaument et Taha Bouhafs. Le premier est le plus grand admirateur vivant de Robespierre et de la guillotine . Le second est un « journaliste militant » au cœur de multiples polémiques. Les compères ne se quittent plus.
David Guiraud se trouve un protecteur en la personne d’Éric Coquerel. L’actuel président de la redoutée commission des finances, le prend sous son aile et lui montrer la vraie lutte des classes, celles des prolétaires, sur les piquets de grève en plein hiver à 5 h du matin. Le jeune « révolutionnaire » est peu séduit.
Plus à l’aise sur les plateaux pour se mettre en valeur, il multiplie les déclarations-chocs comme à sur Europe 1, en août 2022, où il prétendait que « Darmanin a peur de (lui) ». Une hubris qui l’amène à s’opposer à la dissolution du CCIF, proche des Frères musulmans, à nier des cas de jeunes filles musulmanes dispensées de cours de natation via des certificats de complaisance, à dénoncer un reportage de l’émission Zone interdite consacrée à l’islamisme à Roubaix qui vaut des menaces de mort à son auteure Ophélie Meunier. Tout ça, « c’est l’extrême droitisation des médias ».
L’essentiel est de faire parler de soi de choquer, de cliver, de glapir plus fort que les autres. Du pur Mélenchon en somme.