David Khalfa : « le Hamas n’est plus que l’ombre de lui-même »

par Laurent Joffrin |  publié le 20/10/2024

Pour le chercheur de la Fondation Jean Jaurès (*), quoique que très affaiblie, l’organisation terroriste continue d’exister et la guerre continuera, notamment contre le Hezbollah. Mais un chemin existe pour un règlement à Gaza.

 

David Khalfa, co-directeur de l'Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et consultant, spécialiste du Proche-Orient. Son dernier livre : Israël Palestine, Année Zéro

LeJournal.info – On dit que la mort du chef du Hamas Yahyia Sinwar est un tournant dans le conflit. Certains pensent que la guerre peut maintenant s’arrêter, mais les protagonistes semblent vouloir la continuer…

David Khalfa – C’est un tournant dans la guerre qui fait rage entre le Hamas et Israël depuis plus d’un an. L’élimination de Sinwar, l’architecte et le cerveau des massacres du 7 octobre, était l’un des principaux buts de guerre de l’Etat juif. Pour autant, la guerre n’est pas terminée. Elle entre dans une nouvelle phase et le scénario le plus probable à court terme, c’est la poursuite des combats.

La mort de Sinwar ne change rien ?

Sinwar était un obstacle majeur à la mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu. Sa disparation pourrait débloquer la situation à moyen terme. Le chef du Hamas était hostile à tout compromis. Il demandait le retrait de la totalité des troupes israéliennes de la bande de Gaza et la libération d’un grand nombre de prisonniers palestiniens, y compris de leaders de la branche armée du Hamas qui ont commandité des attentats terroristes sanglants contre les civils israéliens. Sinwar voulait sortir victorieux de son bras de fer avec Netanyahu et s’imposer, au sortir de la guerre, comme le leader incontesté du mouvement national palestinien. Son élimination est un succès majeur pour Israël mais les dirigeants de la branche politique du Hamas résidant à Doha maintiennent pour l’instant les positions maximalistes du leader défunt.

Et Israël ?

Netanyahu a toujours privilégié la poursuite de la guerre sur la libération des otages, qui n’a jamais été sa priorité. Il s’est senti humilié par « l’étrange défaite » du 7 octobre et une partie de la population israélienne l’a accusé d’avoir sciemment fragilisé l’appareil d’état en voulant imposer aux forceps sa réforme illibérale de la justice. Il a tenté de remonter à la surface politiquement en endossant les habits du chef de guerre. Il est décidé à rétablir la capacité de dissuasion de son armée et à s’imposer comme le « Père la victoire » d’une nation traumatisée. L’incursion terrestre de l’armée israélienne au sud Liban, lancée pour mettre un terme aux bombardements incessants du Hezbollah sur le nord d’Israël, a contribué à reléguer Gaza au second plan. Tsahal continue d’opérer dans l’enclave côtière mais l’état-major de l’armée et les services de renseignement font pression sur le gouvernement pour qu’une gouvernance civile alternative au Hamas soit parallèlement mise en place dans les zones où le mouvement islamiste a été défait. Netanyahou s’y refuse.

Et donc il n’est pas question d’arrêter la guerre dans l’immédiat ?

La guerre à Gaza, dans sa phase intensive, est terminée en réalité depuis quelques mois déjà. L’armée israélienne mène désormais des opérations de contre-terrorisme contre les cellules du Hamas qui essaient de se regrouper, notamment dans le nord et le sud de la bande de Gaza. L’État-major de Tsahal et les services de sécurité estiment désormais qu’Israël doit profiter de la déflagration psychologique causée par l’élimination de Sinwar et l’affaiblissement subséquent du Hamas pour conclure un cessez-le-feu avec l’organisation islamiste qui permettrait d’obtenir la libération des otages encore vivants. Les militaires et les maîtres-espions du Shin Beth et du Mossad ont le sentiment que Netanyahou a constamment cherché à enrayer la négociation en rajoutant les conditions de dernière minute, en faisant fuiter dans la presse des déclarations qui ruinaient les chances d’une trêve. Les conflits internes ont été virulents, à tel point que Netanyahou a envisagé un moment de se débarrasser de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui avait manifesté son agacement face à ce qu’il considérait comme de l’obstruction systématique et un manque de vision stratégique.

Cette opposition interne à Netanyahou est-elle majoritaire parmi les chefs de l’armée ?

Ces derniers ne sont pas unanimes. Certains estiment que seule la pression militaire pour infléchir la position du Hamas et forcer le mouvement islamiste à accepter un cessez-le-feu favorable à Israël. D’autres, majoritaires, notamment au sein des services de renseignement et de l’état-major de l’armée, ne sont certes pas favorables à l’arrêt total de la guerre mais estiment qu’il faut prendre le risque d’un cessez-le-feu, au moins temporaire, pour obtenir la libération des otages, dont le nombre s’amenuise sans cesse, tant les conditions de détention dans les tunnels du Hamas sont terribles.

On dit qu’il y en reste une centaine dont la moitié seraient déjà morts…

La situation est tragique. Sur les 101 qui restent à Gaza, un peu moins de la moitié seraient encore vivants. Les familles des otages craignent que l’élimination de Sinwar ne provoque des actes de vengeance de la part des geôliers. C’est possible, mais ça me paraît peu probable. La détention des otages a toujours une sorte d’assurance vie pour les miliciens du Hamas. L’élimination de Sinwar pourrait conduire le mouvement islamiste à assouplir sa position même si ce n’est pas ce qui semble se dessiner pour l’heure. Au fond, tout dépendra de ce qui va se passer au sein de l’organisation, qui est très affaiblie.

Sinwar sera remplacé ?

Le haut commandement militaire a été décapité, l’échelon intermédiaire aussi. Le Hamas fonctionne désormais en rhizome, avec des commandants qui sont à la tête d’unités mobiles dispersées et réduites à la portion congrue. La question de l’autorité et de la légitimité de celui qui va succéder à Yahya Sinwar se pose désormais. La branche militaire du mouvement terroriste sera probablement dirigée par son bras droit, son frère Mohammed Sinwar, peut-être conjointement avec Izz al-Din Haddad, le commandant du « district de Gaza ». Ce sont des durs parmi les durs. Ils n’ont cependant pas l’autorité qu’avait Yahya Sinwar sur les miliciens du Hamas qui le révéraient tout autant qu’ils le craignaient. En tout état de cause, il va y avoir une réorganisation interne au Hamas qui aura des conséquences sur la direction stratégique que le mouvement militaro-terroriste prendra dans les prochaines années.

Quels sont les successeurs possibles ?

Yahya Sinouar était une personnalité paranoïaque et despotique. Il avait concentré tous les pouvoirs entre ses mains après l’élimination d’Ismail Haniyeh, le politique comme le militaire. Sa disparation affaiblit davantage la branche gazaouie du mouvement islamiste. Elle entraînera sans nul doute un rééquilibrage au profit de la branche extérieure du Hamas avec la nomination d’un homme nouveau à la tête du Politburo. Deux personnalités se détachent ici. Khalil al-Khaya, le numéro 2 de la branche politique extérieure. C’est un fidèle de Yahya Sinwar, dont a épousé la ligne pro-Téhéran et jusqu’au-boutiste. Il a joué un rôle dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu. On parle également de Khaled Meshaal, qui a dirigé le Politburo à deux reprises par le passé. Plus politique que militaire, il est l’homme du Qatar. Ses relations avec le régime iranien sont notoirement mauvaises depuis qu’il a pris fait et cause pour les insurgés syriens contre le régime de Bachar el-Assad.

Pour quelle politique ?

Ce rééquilibrage au profit de la branche extérieure du mouvement islamiste pourrait permettre aux Occidentaux, notamment aux Américains, d’accroître la pression sur la Turquie et le Qatar, pays qui accueillent et soutiennent les dirigeants du Hamas. Le distinguo lénifiant et paresseux qui oppose des prétendus modérés à des radicaux n’a aucun sens s’agissant du Hamas. L’ensemble des dirigeants du mouvement islamiste palestinien partagent l’objectif stratégique de destruction d’Israël. Il y a des divergences de points de vue sur la tactique, notamment sur la question des alliances régionales mais surtout sur le poids des considérations politiques et militaires pour parvenir à cet objectif éradicateur.

Sinwar a-t-il échoué ?

Sinwar était un fanatique millénariste, partisan d’une lutte armée à tout crin et prêt à sacrifier son propre peuple sur l’autel de ce projet politicide. Il était convaincu que les massacres du 7 octobre déclencheraient une guerre régionale totale contre Israël et espérait que la mobilisation massive du régime iranien et de son réseau de proxys finirait par venir à bout de l’Etat juif. Le régime islamique et les milices pro-Iran ont certes été activées et ont harcelé l’État juif par des bombardements croisés et quotidiens, mais leur niveau d’intensité était bien moindre que ne l’avait espéré le chef du Hamas. L’élimination de Sinwar pourrait conduire le mouvement islamiste à privilégier une logique plus politique que militaire, ne serait-ce que pour assurer sa survie.

A-t-on une idée des forces qui restent au Hamas à Gaza ?

On estimait le nombre de leurs combattants à environ 30 000 à la veille de l’attaque du 7 octobre. Les Israéliens disent en avoir tués 18 000 depuis le début de la guerre et blessés des milliers d’autres. C’est donc la moitié au moins de la force combattante du Hamas qui a été mise hors d’état de nuire. Au vu de l’intensité des combats et des destructions, je pencherais pour les trois quarts. Pour autant, le Hamas continue d’exercer son emprise sur la bande de Gaza et les combats, notamment dans le nord de l’enclave, sont très durs. Près de dix soldats israéliens ont été récemment tués dans ces affrontements qui voit le mouvement islamiste utiliser des tactiques de guérilla urbaine qui peuvent s’avérer meurtrières pour l’armée régulière israélienne.

Le Hamas a pu par ailleurs recruter dans l’intervalle…

Ils recrutent de très jeunes combattants, très peu aguerris. Certains s’engagent par esprit de vengeance, parce qu’un membre de leur famille a été tué dans les affrontements avec Tsahal. D’autres s’enrôlent pour des raisons financières, en espérant trouver un peu d’argent pour faire vivre leur famille qui se trouve dans une situation humanitaire désastreuse.

Parce qu’il reste de l’argent au Hamas ?

Ils en ont de moins en moins mais suffisamment pour recruter. L’organisation est désormais l’ombre d’elle-même. Avant le 7 octobre, c’était une organisation très militarisée, organisée de façon hiérarchique, pyramidale, sur le modèle d’une armée hybride, avec un haut commandement, avec un échelon intermédiaire et inférieur, des brigades, des bataillons, etc. On n’est plus là. Le Hamas est redevenu une milice clandestine qui ne cherche pas l’affrontement direct et qui lutte pour sa survie.

Son influence dans la population de Gaza a-t-elle décliné ou a-t-elle décru ?

Les derniers sondages sérieux montrent un effondrement de la popularité du Hamas à Gaza. C’est assez logique : les Gazaouis le tiennent pour responsable des représailles dévastatrices que son attaque du 7 octobre a déclenchées et des conséquences désastreuses qui en ont découlé sur le plan humain et matériel. Certes Sinwar avaient ses partisans, notamment la base militante du Hamas et sa branche militaire mais de nombreux Gazaouis se réjouissent en privé de sa disparition. C’était un chef très autoritaire et connu par son absolue cruauté. Il était redouté. Il n’hésitait pas à exécuter de ses propres mains ses rivaux et ceux qu’il accusait de collaborer avec Israël. Son élimination va laisser un vide qui obligera le mouvement islamiste à se réinventer, ce qui passera dans un premier temps par le renouvellement de sa direction. Sachant que son successeur à Gaza sera le prochain ennemi numéro 1 des services de sécurité israéliens, ce qui devrait d’ailleurs conduire le mouvement islamiste à en taire l’identité.

Israël peut-il s’appuyer sur l’élimination de Sinwar pour considérer que ses objectifs ont été atteints ?

Lors de sa conférence de presse qui a fait suite à l’élimination de Sinwar, Netanyahu a déclaré que cette dernière marquait le « début de la fin de la guerre ». Il sait que l’éradication totale du Hamas n’est qu’un slogan. Sur le plan militaire, Israël est en passe de réussir à affaiblir le mouvement islamiste de manière décisive mais ce succès ne pourra se traduire par une victoire stratégique que si le gouvernement israélien accepte de mettre en place une gouvernance alternative au Hamas à Gaza après la guerre.

Donc le Hamas existe toujours…

À ce stade en tout cas, le Hamas ne maintient son emprise sur la bande de Gaza que par la terreur. La population gazaouie redoute notamment la brutalité de sa police et de ses miliciens mais le mouvement islamiste n’est plus réellement en mesure de gouverner l’enclave et le sait. Il est probable que les Israéliens, avec l’aide du Qatar et des Américains, essayeront de passer des accords au moins partiels avec les miliciens du Hamas qui détiennent des otages, mais aussi avec des membres de familles mafieuses qui ont également participé au rapt de civils israéliens. Les miliciens devront déposer les armes en échange d’une « immunité », de la libération d’un certain nombre de prisonniers palestiniens ainsi que d’une somme d’argent qui pourrait leur permettre de refaire leur vie, notamment en Turquie, en Malaisie ou au Qatar.

Y a-t-il un espoir pour trouver un règlement à Gaza ?

Sur le moyen terme, il y a une fenêtre d’opportunité : les Occidentaux, les pays arabes et les Israéliens pourraient agir de concert pour qu’une gouvernance alternative au Hamas soit mise en place tôt ou tard à Gaza. Cela passera par une revitalisation et une restructuration de l’Autorité palestinienne, une implication directe des pays du Golfe, notamment de l’Arabie Saoudite et des Émirats qui pourraient participer à la reconstruction de la bande de Gaza, ainsi que par la mise en place d’une force multinationale d’interposition. Le prix à payer pour Netanyahou sera d’avancer sur le chemin d’une solution à deux états, à minima en se déclarant favorable à une telle solution en échange d’une normalisation des relations d’Israël avec l’Arabie saoudite. Je doute que cela arrive avant les élections américaines. Benyamin Netanyahou espère une réélection de Donald Trump et ne fera pas de cadeau à l’administration sortante et sa candidate démocrate.

Les Iraniens semblent vouloir étudier la possibilité d’un cessez-le-feu au Liban…

C’est peu probable. Le 7 octobre a conduit à une révision générale de la doctrine militaire israélienne. Israël, droite et gauche comprises, ne veut plus laisser les menaces s’accumuler à ses frontières. Le pays est profondément traumatisé. Il a rompu avec la stratégie de la « tondeuse à gazon » qui visait à dégrader les capacités offensives du Hamas à intervalle régulier pour allonger les périodes de trêves entre deux guerres, tout en laissant le Hezbollah monter en puissance en espérant que l’équilibre de la terreur dissuade le milice islamiste chitte pro-Iran de se joindre aux hostilités contre Israël. C’est ce paradigme qui s’est effondré le 7 octobre.

Au profit d’une stratégie plus agressive ?

Le choc et l’humiliation sont tels qu’Israël ne reviendra pas en arrière. L’Etat juif veut renverser la table et affaiblir de manière substantielle les proxys de l’Iran qui ont créé un « cercle de feux » autour de lui pour lui imposer une guerre d’usure qui vise à épuiser ses ressources humaines et matérielles et in fine, à provoquer une dislocation de l’appareil d’état. Israël entend désormais adopter une stratégie plus offensive qui vise à devancer les menaces avant qu’elles ne se matérialisent. Ses dirigeants estiment que la dissuasion ne marche pas face à des organisations fondamentalistes qui obéissent à des logiciels intellectuels et idéologiques qui échappent à la rationalité occidentale de type instrumentale. Ces organisations sont adeptes de la « muqawama », la guerre à outrance contre « l’ennemi sioniste » et ce, quel qu’en soit le prix. C’est cette prise de conscience et le sentiment que c’est la survie de l’état d’Israël qui est en jeu qui expliquent la férocité de la riposte israélienne. Je ne vois pas comment les Israéliens accepteraient un arrangement à ce stade avec les Iraniens alors que les rapports de force se sont inversés et que l’état juif entend pousser son avantage.

Pas de compromis avec le Hezbollah ?

Le Hamas comme le Hezbollah sont des organisations terroristes djihado-nationalistes. J’insiste sur le concept de djihad parce que pour elles, le combat est de nature religieuse, une « guerre sainte » contre Israël, les Juifs et l’Occident. La négociation est très difficile avec ce genre d’organisation mais elle est possible, en particulier lorsque les rapports de force leur sont défavorables. Elles peuvent alors faire preuve de pragmatisme pour assurer leur survie et maintenir leur emprise sur les territoires qu’elles contrôlent.

Israël pourrait donc négocier tout de même ?

Pas sûr… On observe parallèlement une radicalisation de la droite religieuse israélienne qui exerce des pressions constantes sur la coalition actuellement au pouvoir en Israël, la place laissée à la politique c’est-à-dire au compromis, se réduit de plus en plus. La seule bonne nouvelle, c’est l’évolution des rapports de forces politiques en Israël. Malgré sa remontée dans les sondages, Netanyahou serait battu en cas d’élections anticipées.

Donc il y aurait une majorité centriste contre lui…

Une majorité composite avec le centre, la droite libérale anti-Netanyahu, mais aussi la gauche travailliste et le Meretz qui ont fusionné dans le nouveau parti Les Démocrates, qui sont crédités de 11 mandats dans les derniers sondages, ce qui est très honorable au vu des scores lilliputiens de la gauche ces dernières années. La seconde bonne nouvelle, c’est que les accords d’Abraham pourraient retrouver une nouvelle vie après la guerre, à condition de ne pas négliger l’importance de la question palestinienne, ce qui a constitué jusqu’à présent son talon d’Achille.

Le sort des Palestiniens peut-il revenir au centre des discussions ?

La question palestinienne doit être prise en charge de façon beaucoup plus sérieuse. Cela permettrait aux Saoudiens de normaliser leurs relations avec Israël et de s’impliquer davantage dans la résolution du conflit israélo-palestinien. On est bien sûr plus que jamais éloigné d’une solution à deux états et les massacres commis par les commandos de tueurs du Hamas ont de ce point de vue atteint leur objectif. Mais le scénario d’une reconstruction de la bande de Gaza après la guerre avec une aide financière et une implication directe des Émirats et de l’Arabie Saoudite n’est pas absurde.

Avec quel interlocuteur ?

Encore une fois, cela passera par une réforme en profondeur de l’Autorité palestinienne, par un changement de leadership mais aussi par une nouvelle vision stratégique. Dans le même temps, la partie israélienne devra faire tôt ou tard des concessions aux Palestiniens en permettant à moyen terme, un retour de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza et en traçant un chemin vers une solution à deux états. Quand on lit entre les lignes les déclarations de Mohammed Ben Salman s’agissant d’une éventuelle normalisation des relations de la monarchie saoudienne avec Israël, il ne s’agit pas de créer un État palestinien tout de suite, mais de reconnaître la légitimité de la solution à deux états et de s’engager dans cette voie. C’est à cette condition que l’horizon diplomatique pourrait se dégager. Netanyahu ne semble pas prêt à saisir cette opportunité, obsédé qu’il est par son maintien au pouvoir. De nouvelles élections pourraient cependant rendre cette perspective moins lointaine.

(*) David Khalfa est co-directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et consultant, spécialiste du Proche-Orient. David Khalfa est en charge des « Rencontres géopolitiques » de la Fondation Jean-Jaurès. Son dernier livre : Israël Palestine, Année Zéro

Propos recueillis par Laurent Joffrin

Laurent Joffrin