David Rachline, le baron noir de Fréjus
Militant pur jus du Front National, David Rachline dirige, depuis 2014, comme un satrape, la ville de Fréjus dont il est maire. Un lamentable exemple de la gestion du parti de Marine Le Pen
Pendu au téléphone avec une Marine Le Pen en colère, Jordan Bardella s’inquiète. Depuis plus de dix ans le RN travaille sa respectabilité. Et voilà que le livre d’une journaliste à l’ « Obs », Camille Vigogne Le Coat « Les rapaces », étrille un rouage essentiel de la machine RN, David Rachline.
Il a acquis une montre à 15.000 euros en liquide au nom de son chauffeur, distribue des enveloppes de billets, multiplie les soirées alcoolisées à la mairie, alloue à des proches des logements sociaux, recase abusivement d’anciens amis, utilise des voitures de fonction à des fins personnelles ou encore soutient sans réserve une adjointe au logement surnommée la SS par ses détracteurs. Bref, il est devenu radioactif alors qu’il est l’exemple même de la gestion d’une grande ville par un élu d’extrême-droite.
David Rachline a un parcours militant exemplaire. En avril 2002, alors que la France connaît le « choc du 21 avril ». David, 15 ans, se réjouit de l’accession de Jean-Marie le Pen au second tour de la présidentielle. S’il a rejoint le FN, c’est pour son chef, dont le verbe le fascine. Il a connu sa première « révolte » lors de l’affaire Catherine Mégret, maire de Vitrolles, qui avait instauré, une prime de naissance d’un montant de 5 000 F pour les enfants de parents français ou ressortissants de l’Union européenne. La volée de bois vert qui s’en suit le décide de s’engager pleinement au Front National. Une négation familiale pour ce fils de militant socialiste, petit-fils de grands-parents juifs ayant fui les pogroms ukrainiens ?
Assoiffé de reconnaissance et de pouvoir, il met la main, en 2006, sur les destinées de La jeunesse frontiste, et ravale la façade de ces groupes néonazis. Les skinheads deviennent des jeunes gens bien propres. Déjà, la « stratégie de la cravate ». Marine le Pen remarque ce jeune homme chauve, rondouillard, plus malin que d’autres. Dès 2012, elle le nomme « conseiller web », chargé de propager les idées du FN sur les réseaux sociaux. Pour cette présidentielle, il travaille avec Frédéric Châtillon, ex-président du GUD proche de la candidate du RN. Son emploi sera jugé fictif. Le sulfureux « gudard » sera d’ailleurs condamné en 2019 pour recel d’abus de biens sociaux et escroquerie.
David Rachline fréquente les soirées de la Côte d’azur où se retrouve la fine fleur des nationalistes locaux. Il ne cache pas son admiration pour Alain Soral, essayiste antisémite dont il rejoint le mouvement Égalité et réconciliation. Pour autant, il est surtout opportuniste. En 2014, il devient maire de Fréjus puis sénateur .
De sa mairie, l’édile dirige la ville comme un potentat privilégiant favoritisme et concussion. Il réduit les subventions des centres sociaux, soutient les associations de pieds-noirs très présentes dans la région, fréquente et flatte les seigneurs du BTP, noyaute les conseils de quartier. Il décrète le couvre-feu pour les mineurs en 2019. Et se fait payer ses frais d’avocats par la ville.
Après presque dix ans de mandat et vingt ans de militantisme, David Rachline est un homme fort du parti. Mais il est aussi la preuve que le RN, qui se voulait différent du « système » et aussi capable des pires turpitudes. Il est enfin de ceux qui – hélas – pourraient devenir ministre en cas de victoire de Marine le Pen en 2027. Après avoir expérimenté les remèdes du docteur Rachline à Fréjus, on a une idée du traitement qui attend le pays.