Débat : Valérie Hayer se fait étriller
En difficulté dans les sondages, la candidate de la majorité présidentielle, malmenée par les autres candidats, est plus fragilisée que jamais.
Valérie Hayer a dû subir le 27 mai sur BFMTV, à l’occasion du débat des têtes de listes aux élections européennes, le tir croisé de l’ensemble de ses adversaires. Comme si les tentatives de Gabriel Attal et d’Emmanuel Macron de voler à son secours n’avaient eu d’autres effets que de l’enfoncer davantage dans le gouffre électoral où elle se trouve, à treize jours du scrutin, reléguée 15 points derrière le Rassemblement National.
Elle a d’abord essayé de défendre l’utilité de l’affrontement avec Marine Le Pen qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux, et s’est fait étriller par Jordan Bardella. Un scandale démocratique, a renchéri Raphaël Glucksmann, en dénonçant les pratiques autoritaires d’un président qui instaure un duel avec le RN, une tentative que Giorgia Meloni s’est vue interdire en Italie par le gendarme de l’audiovisuel.
Le débat sur l’Ukraine a vu s’opposer Raphaël Glucksmann, favorable à l’envoi de missiles européens, et Jordan Bardella, résolument opposé. Là encore, Valérie Hayer s’est fait taper sur les doigts pour ses erreurs lors du débat précédent sur les questions de Défense. La candidate du président a dû, piteusement contrainte, botter en touche : « Je ne suis pas experte sur cette question ». Ce qui a autorisé Manon Aubry, LFI, à lui lancer, narquoise : « Voulez-vous appeler un ami pour vous aider à répondre ? ».
Un embarras doublé d’une contradiction quand le numéro deux sur sa liste, l’ancien journaliste Bernard Guetta, parle de reconnaître la Palestine, tandis qu’elle-même n’ose pas se prononcer et se contente d’appeler prudemment à la création de deux États. Cette fois, c’est Jordan Bardella qui se moque : « Appelez donc le ministre des Affaires étrangères… ». Comme si Valérie Hayer n’était plus qu’une candidate sous tutelle.
Que retiendront les électeurs de ces débats sur le pouvoir d’achat, le protectionnisme, la crise de l’agriculture, l’automobile où l’immigration sont passés au crible ? D’abord que cette élection européenne a permis , et c’est inédit, d’aborder des sujets de fond. Et de donner le temps, entre deux passes d’armes, de découvrir les candidats.
Une Valérie Hayer, faible et malmenée, Manon Aubry maniant l’art de l’invective, l’écologiste Marie Toussaint, brouillonne, et prompte à interrompre ses adversaires ; Jordan Bardella, froid, dans le rôle du réaliste qui aime pointer la naïveté des autres ; Marion Maréchal, hautaine, qui égrène les méchancetés, à l’inverse de François-Xavier Bellamy, tout sourire, qui sait attendre son tour ; Raphaël Glucksmann qui a souvent réussi à obtenir le silence dans la classe ; et un Léon Deffontaines, jeune et cash, inconnu au début, mais qui a réussi à émerger. Une belle comédie humaine. Ou politique.