« Déconstruire »
Dico Politique : un outil pour retrouver le sens des mots, leur évolution, leur sens caché. Savoir de quoi on parle en politique. Et se comprendre
À Noël, selon certains, il faut déconstruire les plats et éviter les menus qui font penser à la tradition. Mieux vaut opter pour un gratin de potiron que de la dinde. Il faut donc tout déconstruire. Le président nous l’avait dit en 2021 en parlant de « déconstruire l’histoire de France ». Depuis, les sujets à déconstruire sont légion : le mâle, les notions coloniales, les préjugés, les repas, les vêtements, le travail, l’économie, l’histoire, l’amitié, le couple. Cela peut aller encore plus loin puisqu’on révise aussi la langue française, les contes de Disney et donc les repas de fêtes. La déconstruction est devenue le leitmotiv des experts sociologues de toutes les universités.
À la base, l’idée selon laquelle toute réalité est structurée autour de la notion de « domination », et que l’oppression constitue la clé essentielle pour comprendre l’organisation sociale. Tout représente une structure de pouvoir, que ce soit le langage, le savoir ou la science. Le rôle du chercheur consiste à donc révéler ces mécanismes de domination, à « dévoiler » le pouvoir dissimulé derrière toute connaissance.
Pourtant, Stéphanie Roza, chargée de recherche au CNRS en philosophie politique, auteure de la Gauche contre les Lumière (essai paru en 2020 chez Fayard), avait expliqué déjà que le wokisme était une forme d’individualisme couplée au libéralisme, soit l’exact opposé des aspirations de ses ardents défenseurs : « Avec le rejet de l’idée de vérité universelle et la revendication des ressentis individuels érigée en normes, on est dans le postmodernisme politique. La seconde influence, c’est le libéralisme, le woke se présente comme l’une de ses émanations finales, radicalisées, avec l’idée d’un désir qui ne peut pas être remis en cause, sans se départir de soi-même, sans se confronter à ses déterminismes. »
L’Humanité, habitué plutôt aux luttes sociales et historiques, en arrive à débattre sur la fête de Noël comme symbole de domination à abattre : « Comme tout système d’oppression, le patriarcat a ses fêtes et ses moments de communion, ses rassemblements positifs et joyeux. Le jour de Noël en est un magnifique exemple. Fête chrétienne, fête commerciale, fête de la famille, fête des enfants et, pour toutes ces raisons, fête patriarcale. »
Enfin, Helena Dalli, commissaire européenne à l’égalité, a plaidé en faveur de l’élimination de toutes les références à Noël, arguant qu’elles n’étaient pas suffisamment… inclusives.
Chut ! Plus un mot sur Noël. Et Joyeuses Fêtes déconstruites !