«Décroissance»

publié le 08/06/2023

Dico Politique: un outil pour retrouver le sens des mots, leur évolution, leur sens caché. Savoir de quoi on parle en politique. Et se comprendre

Dico Politique

La décroissance ? Ceux qui en parlaient le plus ont longtemps été ceux qui n’y connaissaient rien. Le dernier en date, Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, a donné sa propre vision du sujet : « la décroissance, ça veut dire être moins bien soigné, ça veut dire se déplacer moins, ça veut dire une qualité de transport moins bonne et ça veut dire moins de prospérité pour nos enfants. »


Définie par opposition à une vision productiviste et sans limite de la croissance économique, cette notion est attribuée aux travaux du Club de Rome à la fin des années 60 . Selon l’économiste et anthropologue Serge Latouche, peuvent être considérés comme des précurseurs de ce concept, les socialistes «utopiques ».


Plus proche de nous, Jean-Baptiste de Foucault et son idée de sobriété heureuse, Alain Caillé et son mouvement convivialiste, Patrick Viveret et ses politiques du mieux-être, Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice qui proposent de nouveaux indicateurs de richesse depuis au moins 20 ans, l’économiste et députée européenne Aurore Lalucq, Claude Alphandéry et les militants de l’économie alternative et solidaire, tous ont en commun de se parler et de réfléchir collectivement à une autre manière de considérer la richesse.


Le terme sonne pourtant dans notre imaginaire contemporain comme une provocation. Parler de décroissance revient à poser trois questions : comment permettre à la société de se développer techniquement sans mettre en péril ses ressources naturelles et les personnes ? Le Produit intérieur brut qui établit dans le monde entier le niveau de prospérité des pays est-il un indicateur suffisant pour mesurer toutes les composantes de la richesse et du bien-être d’une société à un instant T ?

Selon l’économiste Timothée Parrique, si la décroissance suppose bien une réduction de la production et de la consommation. Elle poursuit quatre objectifs précis : alléger l’empreinte écologique, de manière planifiée, en faisant attention aux inégalités et dans le souci du bien-être des populations.
Alors que le pire scénario du rapport Meadows est en train de se réaliser, avec un changement climatique plus rapide que prévu, la question de la décroissance sort du cercle restreint des économistes hétérodoxes.

La « Stratégie Nationale Bas Carbone » mise en place en 2015 fixe un objectif de réduction par six des émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2050. Il faudra beaucoup d’intelligence collective pour accélérer les transformations de nos modes de vie sans heurter les populations.
Le changement, c’est maintenant. En 2027, il sera trop tard.