Dégâts climatiques : mon assureur ne répond plus…
Sécheresses, inondations, submersions marines et tempêtes… les assurances vont être débordées par les effets du réchauffement. Qui paiera ?
Qui paiera pour les dégâts climatiques ? La multiplication des évènements extrêmes sur la planète au cours de l’été, aussi bien sécheresses et incendies qu’inondations et tempêtes, pose le problème de l’indemnisation des catastrophes naturelles. Deux compagnies d’assurance américaines ont sonné le tocsin en déclarant qu’elles refuseraient dorénavant tout nouveau client résidant en Californie, état particulièrement exposé.
Le mouvement pourrait faire tache d’huile face au coût des indemnisations. En 2022, selon le réassureur Swiss Re, la facture totale de ces catastrophes au niveau mondial a atteint 275 milliards de dollars, dont 115 milliards pris en charge par les assurances. C’est presque 50 % de plus que la moyenne annuelle enregistrée sur la décennie précédente.
Non seulement les évènements extrêmes sont plus nombreux (quatre fois plus en quarante ans), mais ils sont aussi de plus en plus violents ainsi que le Giec l’a modélisé. Le seul ouragan Ian en Floride a causé plus de 50 milliards de pertes en 2022, et l’année précédente, les inondations outre-Rhin ont coûté 40 milliards d’euros à l’Allemagne.
Dégâts inassurables
La France n’est pas épargnée. De quelque 1 milliard d’euros par an au début des années 1980, le coût des évènements climatiques a triplé sur les dix dernières années. Et les projections sont alarmantes: France Assurance estime que le montant des dégâts cumulés des sécheresses, inondations, submersions marines et tempêtes doit doubler d’ici à 2050 par rapport aux trente années passées, pour atteindre un total de 143 milliards d’euros.
Seul un sinistré sur quatre est indemnisé
Or, d’ores et déjà, selon un rapport du Sénat, à propos de l’effet sécheresse sur les maisons qui se fissurent, seul un sinistré sur quatre est indemnisé. Le problème devient sociétal.
Une augmentation du tarif des assurances dans le cadre du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles (créé en 1982), ne serait qu’un rafistolage inapproprié. Déjà en 2015, le patron de la compagnie Axa considérait que si une augmentation de la température de 2 °C était assurable, ce n’était plus le cas à 4 °C. Or, cette année, Christophe Bechu, ministre de la Transition écologique, a déclaré que la France devait se préparer à un réchauffement de… 4 °C précisément.
Les pouvoirs publics sont interpelés. La prévention est une partie de la réponse. Il existe, depuis 1995, un Fonds de prévention des risques naturels majeurs qui constitue le socle financier de la prévention en France. Ce fonds a engagé 2 milliards d’euros sur la dernière décennie. Insuffisant, compte tenu des risques et des enjeux!
Prévenir… oui, mais comment ?
Face à cette inflation de sinistres, la Caisse centrale de réassurance réclame un renforcement des investissements publics. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie a lancé en mai une mission pour plancher sur l’adaptation du régime des « Cat’ nat’ » et renforcer la prévention.
Il était temps. Quelles pistes ? Réponse en fin d’année.