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par Valérie Lecasble |  publié le 14/06/2024

L’union de toute la gauche acte une inversion du rapport de force. Le PS gagne 105 candidatures quand LFI en perd 101

Le "Nouveau Front populaire" Photo par JULIEN DE ROSA / AFP

Mobiliser la gauche, toute la gauche, ses partis politiques, mais aussi les organisations syndicales, les mouvements de jeunesse, et la société civile comme seule alternative pour battre le Rassemblement National. La mission du « Nouveau Parti Populaire », constitué après quatre jours de rudes négociations est claire : faire échec au RN et mettre la gauche au pouvoir. Face à une droite éclatée, une majorité disqualifiée, la conviction est que seule la gauche peut gagner les prochaines élections législatives et d’empêcher Jordan Bardella d’accéder à Matignon.

Tout juste annoncée, François Hollande adoube l’alliance : « L’essentiel est que l’union puisse se faire ». Suivi le lendemain par Raphaël Glucksmann : « A ceux qui se sentent déçus, je dis : fermez les yeux et imaginez le 7 juillet, 300 députés RN à l’Assemblée nationale ! »

« Au rendez-vous de l’histoire », les partis politiques actent une candidature unique dès le premier tour dans toutes les circonscriptions. Comparé à la Nupes de 2022, le rapport de forces est inversé, avec 105 candidatures de plus pour le Parti Socialiste et 101 de moins pour LFI. Ce qui permet à l’alliance PS-EELV-PCF, l’ex-gauche plurielle, de peser, à l’exact contraire de la Nupes où LFI toute seule comptait 100 députés de plus que les autres réunis.

« On crée une dynamique », soutient Fabien Roussel. « On a réussi à se mettre d’accord sur les 150 points du programme », se réjouit Manuel Bompard. « Nous sommes prêts, nous allons gagner et gouverner », plaide, Marine Tondelier. « Seule la gauche socialiste et écologique peut protéger les Français contre l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite », affirme Olivier Faure.

Sur le choix du Premier ministre, il y a divergence, « choisi par les futurs parlementaires de la coalition après un débat démocratique », assure Olivier Faure. « Issu du groupe le plus important à l’Assemblée nationale » veut croire Manuel Bompard. La nuance, d’importance pour le PS, vise à ne pas laisser le champ libre à LFI.

Si le Nouveau Front Populaire n’a pas réglé tous les sujets – notamment celui du nucléaire – il s’est entendu sur un certain nombre de mesures. Deux priorités pour Manuel Bompard : le pouvoir d’achat avec le blocage des prix de l’alimentation et l’énergie, et la paix avec le soutien à l’Ukraine et le cessez-le-feu à Gaza. Marine Tondelier veut l’abrogation de la réforme des retraites et la gratuité totale de l’école y compris la cantine et les activités périscolaires. Oliver Faure défend le détricotage de la réforme de l’assurance-chômage, la taxation des super-profits, la restauration de l’ISF et la suppression de la Flat Tax. Fabien Roussel institue un « Pacte pour le pouvoir d’achat » avec une hausse du SMIC à 1 600 euros nets et l’indexation des salaires et des retraites sur les prix. Quant à Aurore Lalucq, pour Place Publique, elle soutient l’Ukraine, affirme le caractère terroriste du massacre du Hamas à Gaza et la lutte contre l’antisémitisme.

Sur la photo finale, Yannick Jadot et Mathilde Panot sont là, pas Raphaël Glucksmann. Comme si, malgré son soutien à l’alliance, il n’avait pas voulu apparaître aux côtés des Insoumis.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique