Depardieu enfoncé par son avocat

par Laurent Joffrin |  publié le 28/03/2025

Maître Jérémie Assous, conseil de Gérard Depardieu, s’est lancé dans une « défense de rupture » caricaturale et insultante dont on doute qu’elle puisse servir son client.

Laurent Joffrin - Photo JOEL SAGET / AFP

Drôle d’avocat, tout de même. On savait ce Jérémie Assous fort désagréable, agressif, méprisant et d’une mauvaise foi inébranlable. Dans le procès qui vient de s’achever, il s’est surpassé, tel un pitbull des prétoires. Plutôt que de chercher à démontrer – si c’est possible – la faiblesse des charges qui pèsent sur Gérard Depardieu, il a choisi l’attaque. Non le procès de la star, donc, mais celui du mouvement #metoo, une défense politique, « de rupture », comme on dit, tactique dangereuse, à laquelle on recourt quand on est face à un dossier factuel difficile à réfuter. Si l’acteur est relaxé, ce sera en dépit du comportement insupportable de son avocat. Et s’il est condamné, il le devra en bonne partie aux errements passéistes de Jérémie Assous.

Les avocates des parties civiles, ses adversaires ? Chacune a essuyé les insultes de l’aboyeur en robe noire : « abjecte », « ignoble », « stupide », a-t-il lancé à leur endroit, comme le rapporte Le Monde, pour se moquer de la voix de l’une, du « rire d’hystérique » de l’autre, et leur intimer l’ordre d’ « aller pleurer chez le bâtonnier » si elles n’étaient pas contentes. Tout le répertoire, en somme, des pires machos en butte à une contradiction féminine.

Quant au fond, il est pour lui fort simple : les plaignantes sont des menteuses et les femmes qui se disent victimes de Depardieu sont membres d’une vaste conjuration destinée à « le faire tomber », alors que le simple examen des charges en question et des éléments factuels qui le soutiennent, à tout le moins, n’est guère favorable à l’acteur.

Si Depardieu perd, ce procès restera dans les annales pour s’être résumé à une agressive et pathétique défense du vieux monde. Un monde dans lequel l’humiliation des femmes ne compte pas, où les agressions sexuelles sont monnaie courante, accueillies par des rires entendus et des plaisanteries grasses, où la hiérarchie professionnelle creuse un fossé entre les acteurs à succès forts de leur impunité et de leur droit de cuissage, et les petites mains du métier soumises à chantage permanent dans un univers d’ancien régime où les faibles courbent l’échine sous une cascade de mépris.

Laurent Joffrin