Dette : le gouvernement dérape, les Français paient

par Valérie Lecasble |  publié le 12/04/2024

Le risque de dégradation de la note financière de la France oblige le gouvernement à agir vite. Qui va payer ? Devinez…

Le ministre de l'économie Bruno Le Maire à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 2 avril 2024- Photo Andrea Savorani Neri/NurPhoto

Après sept années à dépenser sans compter pour les gilets jaunes, les effets du Covid ou ceux du bouclier énergétique, voici la cigale contrainte de se transformer en fourmi. Pour tenter de parer à un déficit plus important que prévu, le gouvernement multiplie les annonces dans une ultime tentative d’éviter la dégradation attendue de la note financière de la France le 26 avril.

L’initiative la plus importante provient de Stanislas Guérini. En poste depuis deux ans, le ministre de la Fonction publique lance dans la précipitation une profonde réforme du sacro-saint statut des 6 millions de fonctionnaires qui jouissent en France de l’emploi à vie. « Lever le tabou du licenciement », « établir l’avancement au mérite », sanctionner l’« insuffisance personnelle », telles sont les pistes avancées par Stanislas Guérini: « nous voulons réfléchir à la manière de faire de l’évaluation un support plus solide, qui permette de reconnaître les parcours méritants, et de sanctionner ceux qui ne travaillent pas de manière persistante ».

Pour rassurer les marchés financiers, le tabou est levé. Les fonctionnaires seront désormais jugés sur le modèle des employés du secteur privé, à l’efficacité. Une rengaine déjà entendue lors de la campagne électorale de 2017 où Emmanuel Macron avait promis de réformer l’État. Sept ans après, alors qu’aucune réforme sérieuse n’a été entreprise pour diminuer le poids de la dépense publique, voilà que subitement les fonctionnaires sont désignés comme boucs émissaires. Quelques semaines auparavant, Gabriel Attal avait montré le même chemin pour le secteur privé. Afin de combler la dette et réduire les déficits, la seule solution assurait alors le Premier ministre est de durcir les conditions de l’assurance-chômage afin que les chômeurs en général et les seniors en particulier se remettent plus rapidement au travail.

Gabriel Attal veut également sanctionner le patient qui n’honore pas son rendez-vous chez le médecin par une « taxe lapin » de 5 euros. Tout cela a du sens. Il n’est pas faux de dire que la France est le pays dont le secteur public est le plus important, mais pas forcément le plus efficace. Il est aussi vrai que la valeur travail est la clé de la croissance d’une nation. Enfin, ne pas honorer ses rendez-vous chez le médecin est coûteux pour le système de soins. En revanche, la méthode est cul par-dessus tête. À tout donner sans compter hier pour sanctionner aujourd’hui à tout va, le gouvernement n’aboutira qu’à un seul résultat : déboussoler les Français… sans pour autant rassurer les marchés financiers.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique