Deux Israël face à face
Samedi 22 juillet, 70 000 personnes sont aux portes de la capitale. Parmi elles, 35 000 manifestants ont pris la route depuis quatre jours et bloqué l’autoroute de Tel-Aviv à Jérusalem
Ils s’installent dans des tentes de fortune autour de la « Forteresse de la démocratie » — une tente symbolique située à quelques mètres du Parlement. Avec un mot d’ordre : « démocratie ou révolution ! ».
Avec plus de 100 000 manifestants dans le pays, la 29e manifestation depuis le début de la contestation, en janvier dernier, mobilise bien au-delà de ce que le gouvernement Netanyahou VI pouvait craindre.
À cette expression populaire s’ajoute celle des corps constitués et de l’armée : l’intersyndicale demande un moratoire de 18 mois au gouvernement, le mouvement patronal aussi, de nombreux dirigeants actuels et anciens des agences de sécurité intérieure soutiennent officiellement le mouvement de « débrayage » des 1200 réservistes qui menacent de suspendre leur service volontaire, si la Knesset vote le texte.
L’argument martelé par le gouvernement pour justifier sa réforme paraît faible : l’équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Argument fallacieux, estiment les opposants.
Selon Cyril Aslanov, professeur à l’université d’Aix-Marseille, en réduisant les pouvoirs de la Cour suprême chargée de faire respecter les lois fondamentales à caractère constitutionnel qui structurent le pays, les partis religieux d’extrême-droite disposeraient des clés pour imposer un programme fascisant qui transformerait rapidement la société israélienne dans tous les domaines (statut des femmes et des minorités, droit de la famille, liberté de la presse, contenus éducatifs…).
La réaction obstinée de Netanyahou démontre que, cette fois-ci, il ne s’agit pas seulement de sauver Bibi mais la démocratie.