Djadja au pilori

publié le 22/03/2024

Chaque dimanche, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond ? L’essentiel

Laurent Joffrin- Photo JOEL SAGET / AFP

Lundi : Glucksmann, le troisième homme

Le candidat du PS trace son sillon. Bien préparé par une mandature de cinq ans, il est précis, pertinent, éloquent sur l’Europe et la situation internationale. Il a gagné deux points au moins dans les enquêtes d’opinion, seul candidat de gauche à passer la barre des 10%. Il mord à gauche chez les mélenchonistes déçus, à droite sur les macronistes marris. Ce qui lui manque ? Un discours national sur les préoccupations des Français, notamment des classes populaires. C’est la condition de la percée.

Mardi – Le complotisme adoubé

La sœur de Xavier Dupont de Ligonnès affirme sans aucune preuve que son frère est vivant ainsi que sa famille. Or les cinq corps retrouvés sous sa maison ont été authentifiés par les autorités par test ADN. Cette dame, dont on peut comprendre la douleur par ailleurs, raconte donc n’importe quoi. Elle a pourtant eu table ouverte dans les principaux médias « mainstream ». On s’étonne ensuite de voir s’éroder sans cesse la confiance du public envers les journalistes.  

Mercredi : Djadja au pilori

Louche et ridicule polémique lancée par l’extrême-droite autour d’Aya Nakamura à qui on songe confier la chanson inaugurale des Jeux Olympiques. Son crime : parler le langage des banlieues, employer des mots plus ou moins inventés. On peut pourtant, dans le riche patrimoine de la chanson française bien de chez nous, trouver cent autres exemples du même ordre. La chanson invente souvent sa langue, puise dans le vocabulaire de la rue, ou malmène la syntaxe. Seulement, comme Aya Nakamura, star internationale, est franco-malienne, cela pose problème. Selon la couleur de votre peau vous serez encensé ou détesté…

Jeudi : succès climatique

La France a réduit de près de 5% ses émissions de gaz à effet de serre en 2023, après une baisse de plus de deux points en 2022. Elle tient pour l’instant ses objectifs de diminution d’empreinte carbone. On dit : c’est encore insuffisant, il y manque les importations, il reste énormément à faire, c’est la conjoncture, c’est l’inflation, etc. Pourtant le résultat a été obtenu sans qu’on fasse baisser la production globale, ce qui s’appelle un découplage. À force de minimiser sans cesse les succès, pour ne parler que des échecs, on va finir par décourager tout le monde.

Vendredi : Mélenchon candidat

Mélenchon préempte la candidature pour 2017. Il a le droit, mais deux remarques s’imposent :

S’il était aujourd’hui président, la France aura rompu l’unité des Européens face à Poutine et refusé toute aide à l’Ukraine.

S’il passe le premier tour d’une présidentielle, il sera battu largement par Marine Le Pen au second. Ainsi une réalité va peu à peu s’imposer : voter LFI au premier tour, c’est faciliter l’élection du RN au second.