Droite: états généraux ou état critique?
Asphyxiés par leurs dissensions sur les retraites, Les Républicains se sont réunis au Cirque d’Hiver à la recherche d’une grande respiration. Mais l’oxygène de l’enthousiasme manquait
Ce qui frappe, ce sont les absents. Ni Laurent Wauquiez, ni Valérie Pécresse, les futurs et ex-présidentiables de LR, n’ont fait le déplacement. Pas plus que David Lisnard, l’outsider de 2027. Nicolas Sarkozy, l’ancienne figure tutélaire de la droite , qui s’est contenté d’un message vidéo, préfère murmurer à l’oreille d’Emmanuel Macron – qui ne l’entend pas – plutôt que d’être aux côtés de sa famille politique le jour de ses États généraux.
Les vedettes, ce sont Éric Ciotti et Gérard Larcher. Drôle d’attelage. L’un, outsider à la droite de la droite devenu le patron de LR par effraction, l’autre patriarche modéré, deuxième personnage de l’État.
La droite respire-t-elle encore ? Après l’effroyable cafouillage des retraites où dix-neuf dissidents ont bravé les consignes de leur parti en votant la motion de censure qui allait mettre en péril le gouvernement, la question s’impose.
Éric Ciotti est venu tenter d’y répondre au Cirque d’Hiver où il veut rassembler son camp. À commencer par ses deux rivaux, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié , qu’il remercie d’être là. Il se félicite du lancement d’un Think Tank, « La France demain », par Guillaume Larrivé et Jean Léonetti.
Et ouvre la voie à une vaste consultation, sous la houlette de Geoffroy Didier, qui prétend, en six mois, faire en sorte que Les Républicains « redevienne le parti des idées ».
Dans les fédérations, grâce à des master class thématiques et une plate-forme, tous les sympathisants devront proposer leurs trouvailles, pour redonner à la droite un programme pour l’après-Macron. Et du souffle à un parti moribond, aujourd’hui sans leader ni projet. Au premier rang, Xavier Bertrand, Christian Jacob, François-Xavier Bellamy, Michel Barnier font semblant d’y croire.
Ce n’est pas la première tentative. Éric Ciotti est bien obligé de reconnaître que sa « famille a été fragilisée, bousculée, jusqu’à semer le doute sur notre avenir ». Cela ne l’empêche pas de rester droit dans ses bottines, en refusant de « jouer les supplétifs ». L’ambition ? « Notre seule place est la première ». On invoque le Général de Gaulle, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, les valeurs de la droite « autorité, liberté, identité », en fustigeant le « En même temps » d’Emmanuel Macron.
Non, affirme Gérard Larcher, la droite ne cédera pas aux sirènes de Matignon : « nous restons une alternative crédible à cette majorité du coup par coup, sans méthode, sans cap et sans vision. Cette majorité relative n’est pas la nôtre. Nos différences sont très profondes ».
Belle charge ! Mais la droite traditionnelle a-t-elle encore les moyens de ses ambitions ? La voilà pourtant obligé de chasser sur les terres du Rassemblement National : « le voile et aujourd’hui les abayas dans nos écoles, les burkinis sur les plages, c’est non. La laïcité est le fondement de notre République. Ne l’abandonnons pas à l’obscurantisme. »
Au fait, combien étaient-ils pour remplir le Cirque d’Hiver, un millier, plus ? En l’absence d’un chiffre officiel, on ne peut que remarquer que l’ambiance était tristounette et les militants, un brin désabusés, disaient espérer que « le phénix renaisse de ses cendres ». On est loin du premier meeting enthousiaste, le week-end précédent, des 2300 participants à la Convention sociale-démocrate de Créteil.
Le lendemain dans le Journal du Dimanche, les États Généraux de la droite ont fait l’objet d’un simple compte-rendu sur deux colonnes en page 15. Tandis que les six premières pages et la Une étaient consacrées au Rassemblement National. Le second souffle a déjà un point de côté.