Élections européennes : les bonnes et les mauvaises notes

par Valérie Lecasble |  publié le 15/03/2024

Nous avons suivi le premier grand débat des élections européennes à Strasbourg avec les 8 principales têtes de liste. Résultats de l’examen, dont un forfait…Jordan Bardella

D.R

1/ Raphaël Glucksmann, 44 ans, Place-Publique-PS     8/10

Il est clair, parle haut, et se fait écouter, parfois debout. Sur tous les sujets, celui de l’Europe, de l’agriculture, de l’immigration, de l’Ukraine ou de l’énergie photovoltaïque, il assène ses coups, désigne ses ennemis. Ils s’appellent les « patriotes de pacotille », les « profiteurs de guerre », les « petits télégraphistes du Kremlin » pour désigner tout à la fois les grands céréaliers, les amis de Poutine et de l’Azerbaïdjan.

Concentré et tendu, le candidat de Place-Publique et du Parti socialiste cherche à se situer au-dessus de la mêlée. Il ne retient pas ses coups contre Thierry Mariani, le représentant du RN qu’il accuse de « servir la soupe » au régime de Vladimir Poutine, de propager la « panique identitaire », et de porter « une cinquième colonne » dans notre démocratie.

« Il n’y a pas de fatalité à l’impuissance ou à l’injustice », conclut Raphaël Glucksmann qui défend l’Europe de Jacques Delors et de Robert Badinter.

2/ Leon Desfontaines, 27 ans, PCF     6 /10

Examen de passage réussi pour le tout jeune candidat communiste inconnu jusqu’ici des médias et à fortiori des Français qui a acquis une certaine notoriété, en imposant aux autres… de se taire. « On s’invective, on s’apostrophe sur ce plateau, il ne faut pas s’étonner que les Français s’éloignent de la politique », assène-t-il, réclamant le respect pour sa parole, même s’il n’a que 27 ans.

Pour le reste, Léon Desfontaines porte, le doigt sur la couture du pantalon, les positions du Parti communiste. Farouchement opposé à la remise en cause de la neutralité de l’Ukraine et à son adhésion à l’Union européenne, favorable aussi bien à l’intégration des immigrés qu’à l’énergie nucléaire, et avant tout désireux de réduire l’influence d’une Europe « qui mène la guerre sociale et nous emmène à la guerre ». À sa façon, il renvoie dos à dos le Rassemblement National et Emmanuel Macron.

3/ Valerie Hayer, 37 ans, Renaissance 7/10

On l’attendait au tournant, elle tient son rôle et défend avec ténacité les positions d’Emmanuel Macron, notamment la plus contestée d’entre elles sur l’éventualité de l’envoi de troupes en Ukraine. Classique, propre sur elle, assertive et déterminée, elle est d’accord avec Raphaël Glucksmann pour dire que dans ce contexte de tension internationale, ces élections européennes sont les plus importantes de notre histoire. « Si la Russie gagne, l’Ukraine détient 99 % des stocks de blé mondiaux », souligne-t-elle.

La seule sur le plateau, elle votera le Pacte Asile-immigration par lequel l’Europe entend répondre avec « humanisme et fermeté » aux défis migratoires, un sujet pour lequel elle défend « le compromis sans compromission ».

4/ François-Xavier Bellamy, 38 ans, Les Républicains 6 /10

Il a bien du mal à s’exprimer tant il est sous le feu des critiques des deux femmes de gauche, l’écologiste Marie Toussaint et la LFI Manon Aubry. Il tente de soutenir les agriculteurs et la Politique agricole commune (PAC), d’attaquer le leader français du Pacte vert, Pascal Canfin , et de plaider pour une Europe « mieux maîtrisée ». Mais ses paroles ne portent pas… jusqu’au moment où dans l’approbation générale, il s’adresse à Thierry Mariani, content qu’il soit là pour l’accuser sévèrement de soutenir le Président Aliev d’Azerbaïdjan qui attaque l’Arménie chère à son cœur.

5/ Thierry Mariani, 65 ans, Rassemblement National – 1/10

On ne cesse de se demander pourquoi Jordan Bardella l’a choisi et pour quelle obscure raison, il a accepté. Seul sur le plateau à ne pas être candidat aux élections européennes, Thierry Mariani est attaqué de toute part et se décompose à plusieurs reprises, sortant de ses gonds quand Marie Toussaint lui lance avec insistance : avez-vous touché de l’argent de Monsieur Poutine ? Soutien à la fois de Bachar-el-Assad, de Vladimir Poutine et du Président d’Azerbaïdjan, il se retrouve constamment sur la défensive. Accusé d’être à la solde des dictateurs, chrétiens ou musulmans.

Techno, il lit ses notes et maîtrise mal ses dossiers. Un massacre.

6/ Marie Toussaint, 36 ans, Les écologistes – 3/10

Sur la défensive, elle interrompt François-Xavier Bellamy quand il défend les agriculteurs face à l’écologie et réfute la tendance récente selon laquelle l’écologie soit serait punitive. « Nous les écologistes, on n’est pas là pour emmerder le monde, on est là pour le protéger ». Ne cessant d’interrompre les autres, cherchant à se justifier en permanence, elle n’imprime pas et rend le débat peu compréhensible par son flot de paroles ininterrompu.

7/ Manon Aubry, 34 ans, LFI     6 /10

Fidèle à elle-même, la candidate de La France Insoumise décoche ses flèches aux uns et aux autres. Elle peut être agressive, elle peut aussi surprendre avec des arguments forts. Elle refuse de se laisser enfermer dans le duel entre le RN et Emmanuel Macron.

« Je ne veux pas d’Europe des barbelés, mais de la solidarité ». Elle est la seule à évoquer la guerre qui se poursuit au Moyen-Orient. « Nous devons être le camp de la paix en Ukraine, mais aussi à Gaza » et s’indigne des propos qu’elle juge irresponsables du président de la République à propos de l’Ukraine « Je refuse l’affrontement entre deux puissances nucléaires. Il n’y a pas d’issue militaire. Je ne veux pas que ma génération soit sacrifiée ».

8/ Marion Maréchal, 34 ans, Reconquête –   5 /10

En l’absence d’un intervenant capable de porter les arguments du Rassemblement National, Marion Maréchal marque des points sur le seul sujet qui lui est cher, celui de l’immigration. « Il y a plus de migrants qui entrent en Europe que d’enfants qui naissent dans nos pays », assène-t-elle pour justifier ce qu’elle appelle le « basculement civilisationnel », utilisant des images simples et qui parlent à son électorat. Assertive et déterminée, sa prise de parole est écoutée quand elle réclame moins d’Europe. Elle se plait à mettre dans le même sac les Macronistes, la droite traditionnelle, les socialistes et les écologistes qui, selon elle, ne voient pas venir la menace des Frères Musulmans

Valérie Lecasble

Editorialiste politique